Démocratie et technocratie de l’Europe
Par Frank Debié et Klaus Welle
Séance "Actualité critique européenne", dans le cadre du séminaire Actualité Critique de l'ENS, donnée le 8 février 2018.
Dans son histoire récente, le continent européen a vu naître de multiples États, nés du désir des peuples de constituer des nations indépendantes. Mais il connaît également une dynamique inverse de regroupement, qui n'est pas contradictoire : l'intégration européenne est probablement la condition de viabilité pour ces petites entités en fournissant ce que de petits États ne peuvent assurer eux-mêmes (comme la sécurité nationale).
Comment organiser un espace constitué de petits États-nations ? Ils ont en commun d'être attachés à des concepts et systèmes politiques certes très divers, mais qui tous fournissent des garanties institutionnelles à la liberté des citoyens, sous leurs formes respectives. Pour répondre à ce défi du pluralisme, l'UE a mis en place un partage "horizontal" des compétences entre ses instances (Commission, conseil des Ministres, Parlement), et "vertical" entre les niveaux de décision (européen, national, régional, local).
C'est un système lent (il faut du temps pour que tous puissent donner leur avis à toutes les étapes) mais solide (toute décision est issue d'un consensus). Mais l'un de ses grands problèmes est celui de l'articulation entre les niveaux : les deux grandes crises récentes (euro et immigration) sont nées non des institutions de Bruxelles, mais d'un manque de volonté d'action et de transposition aux niveaux locaux. Klaus Welle propose sept pistes pour mieux les articuler ces niveaux, l'enjeu étant la préservation d'un espace ouvert à l'échelle de l'Europe.