Transferts culturels
Séminaire transnational
Ce séminaire se conçoit comme un lieu d’échanges sur les travaux les plus récents sur les transferts culturels. A chaque séance, deux chercheurs sont invités à présenter leurs recherches et à débattre de leur approche. Le cadre intellectuel est celui de l’histoire et de l’épistémologie des sciences humaines, et le fil directeur des séances, méthodologique : il s’agit de repérer les vecteurs par lesquels s’opèrent les déplacements de contenus intellectuels et culturels ainsi que de questionner les processus de resémantisation qui accompagnent ces transformations.
D’une séance à l’autre, les thématiques varient : ce choix est lié au souci de tester la pertinence de l’approche en termes de transferts culturels au-delà de la diversité des objets abordés et de nouer un dialogue entre les disciplines.
Ce séminaire se conçoit comme un lieu d’échanges sur les travaux les plus récents sur les transferts culturels. A chaque séance, deux chercheurs travaillant sur des thématiques proches sont invités à présenter leurs recherches puis à débattre de leur approche. Le cadre intellectuel est celui de l’histoire et de l’épistémologie des sciences humaines, et le fil directeur des séances, méthodologique : il s’agit de repérer les vecteurs par lesquels s’opèrent les déplacements de contenus intellectuels et culturels ainsi que de questionner les processus de resémantisation qui accompagnent ces transformations. D’une séance à l’autre, les thématiques varient : ce choix est lié au souci de tester la pertinence de l’approche en termes de transferts culturels au-delà de la diversité des objets abordés et de nouer un dialogue entre les disciplines.
Les séances ont lieu une fois par mois, d’octobre à juin, et sont ouvertes aux étudiants, masterants, doctorants, chercheurs et enseignants-chercheurs. Elles se déroulent désormais uniquement en ligne. Le séminaire fait partie depuis 2023 du programme de formation du Collège doctoral franco-allemand « Transferts culturels – Contributions à une histoire transnationale et transrégionale des mondes modernes et contemporains » soutenu par l’Université franco-allemande et qui associe l’ENS-PSL avec l’université de Leipzig.
Ce séminaire est le fruit d’une collaboration de longue date entre l’unité de recherche Pays Germaniques - Transferts Culturels (CNRS-UMR 8547) de l’École normale supérieure/Paris Sciences et Lettres d’une part et, d’autre part, le Centre d’études sur la France et la Francophonie et le Centre d’études sur les dynamiques mondiales (Leipzig Research Centre Global Dynamics) de l’Université de Leipzig. Les séances se déroulent indifféremment en français, en anglais ou en allemand, la langue de la conférence étant donnée par son titre. Les interventions dans la discussion se font dans les trois langues.
Programme
Le titre de la présentation indique la langue dans laquelle elle sera faite. Les questions peuvent être posées en français, allemand ou bien anglais.
Le séminaire aura lieu un vendredi par mois de 10h à 12h aux dates suivantes.
4 octobre 2024 : Dialectique du national et de l’international : faire varier les échelles
Von der internationalen Gelehrsamkeit zur nationalen Wissenschaft – das Beispiel der Journale
Martin Gierl, Universität Göttingen
Eigentlich bin ich völlig ungeeignet, um über „Kulturtransfer“ zu sprechen: Ich habe – aus einigen guten Gründen – aufgehört, Wissen als Kultur zu betrachten. Ich sehe in Wissen Technologie. Damit bin ich dann allerdings fähig, etwas über die „Vektoren, die jede Verschiebung intellektueller Inhalte in Raum und Zeit erklären und fördern“ zu sagen, zumindest, wenn man die Raummetapher „Vektor“ zum „Informationsfluss“ oder in meinem
Sinn zur „Kommunikations- und Interaktionsmechanik“ macht. Ich bearbeite eine offensichtlich technologisch generierte derartige Kommunikations- und Interaktionsmechanik: Zeitschriften – genauer die Zeitschriften an der Universität Göttingen von 1750 bis 1830. Ich werde Ihnen in diesem Vortrag zwei Typen davon und ihre unterschiedliche Rezeption internationaler resp. nationaler Literatur vorstellen: Die Göttingischen gelehrten Anzeigen – die alles rezipierende, prominente Gelehrte Zeitung der Universität – und Beispiele der in Göttingen produzierten 87 Fachzeitschriften. Während die GGA die Rezeption der internationalen Literatur als Qualitätserweis der Universität betrieb – sich die Art dieser Rezeption allerdings änderte –, verwissenschaftlichten sich die Fachzeitschriften gerade dadurch, dass sie internationale Referenzen mehr und mehr ersetzten: Der Originalbetrag des nationalen, im Fach ausgewiesenen Kollegen trat als Autoritätserweis anstelle des Abdrucks eines international renommierten ausländischen Gelehrten. In diesem Sinn gibt es keinen Kulturtransfer, sondern einen Technologietransfer zu jeweils spezifischen Zwecken.
Buchpräsentation: „Exzellenz und Égalité. Die französische Hochschul- und Forschungspolitik zwischen globalem Anspruch und nationaler Umsetzung (2002 bis 2012)“
Kathleen Schlütter, Universität Leipzig
„Wissensgesellschaft“ war in den 2000er Jahren ein omnipräsentes Motiv in westeuropäischen Industrienationen, die vor dem Hintergrund von zunehmender internationaler Konkurrenz über ihre Zukunftsfähigkeit nachdachten. Dabei erhielten Hochschulen und Forschungseinrichtungen als Orte der „Wissensproduktion“ eine besondere gesellschaftliche Aufmerksamkeit. Doch wie wirken sich solche global zirkulierenden Ideen auf nationalstaatliche Politik aus? Mein Buch schließt diese Forschungslücke für das Fallbeispiel Frankreich.
Ich habe beginnend mit der zweiten Amtszeit von Staatspräsident Jacques Chirac aufgearbeitet, wie die Selbstwahrnehmung, eine weltweit führende Wissenschaftsnation zu sein, mit der zunehmenden Bedeutung international vergleichender Indikatoren, der Lissabon-Strategie der Europäischen Union und Hochschulrankings in Frage gestellt wurde. Durch intensive Reformauseinandersetzungen, die Gründung neuer Strukturen wie der Agentur für Forschungsförderung ANR und einer Exzellenzinitiative entstand bis zum Ende der Amtszeit von Nicolas Sarkozy eine französische Antwort auf diese Herausforderungen: ein Exzellenzmodell, das den französischen Traditionen treu blieb, aber international anschlussfähig war.
18 octobre 2024 : Transferts culturels en histoire d’art
Tours et détours de l’art anglais en Allemagne (1816–1908)
Violaine Gourbet, Université de Tours, Laboratoire InTRu
Les peintres anglais exposent peu dans l’Allemagne du XIXe siècle : cette particularité a longtemps alimenté un discours selon lequel les Allemands auraient purement et simplement ignoré l’art anglais. Il suffit cependant de feuilleter les revues d’art de l’époque pour se rendre compte que c’est loin d’être le cas. Cette communication tentera de mettre en lumière certains des mécanismes sous-tendant un transfert artistique parfois tortueux, mais riche et protéiforme, qui, pour être compris dans toute sa complexité, nécessite une
approche très large. En effet, si les portes des musées et des académies allemandes restent longtemps closes à l’art anglais, il faut pousser celles, moins majestueuses, des librairies, des magasins d’estampes et des habitations. C’est dans ces espaces que s’élabore une réception populaire fondée en grande partie sur la diffusion massive des reproductions gravées, et sur des pratiques culturelles et sociales multiples. C’est peu de dire que les critères esthétiques ne sont pas seuls en jeu : les amateurs d’images anglaises sont souvent aussi, voire surtout, des amateurs de Byron ou de Walter Scott, de chasse et de sport équestre, de voyages pittoresques, de portraits féminins attrayants ou simplement de décorations à bon marché. S’élabore ainsi, à bas bruit, une culture visuelle de l’Angleterre, qui détermine en partie l’écriture des discours critiques, et que vient compléter un nomadisme érudit, celui des voyageurs allemands qui parcourent l’Angleterre et découvrent ses paysages, ses coutumes et ses musées. Dans les deux cas, celui d’une imagerie sédentaire et d’un tourisme artistique, la réception de l’art anglais est nécessairement incomplète, fragmentaire, parfois fausse ; dans les deux cas aussi, elle s’inscrit dans une vision globale de la nation qui l’a produit, et qui renvoie inévitablement à la définition de l’identité allemande.
Migrations artistiques : réseaux, pratiques et réceptions des artistes catalans à Paris autour de 1900
Laura Karp Lugo, École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, Université de Lorraine (Nancy)
Attirés par l’émulation artistique et par les possibilités qu’offrait le marché de l’art français, les artistes catalans de la fin du XIXe siècle et du début du XXe se sont rendus en masse à Paris, dans un mouvement largement international. Cette présentation portera sur la mobilité, la diffusion et la réception de ces artistes et de leur oeuvre, afin d’élucider l’incidence qu’a eu leur origine dans leur parcours parisien, d’identifier leur degré d’acculturation, de reconstituer les réseaux qu’ils sont parvenus à tisser, et d’étudier la nature de l’accueil suscité par leur production artistique. Cette recherche entend combler une lacune de l’historiographie de l’art catalan contemporain et de l’étude des transferts artistiques et culturels entre la Catalogne et la France, rejoignant les préoccupations actuelles sur les relations artistiques transnationales. Accordant une place fondamentale à la réception, il s’agit d’analyser la manière dont la capitale internationale de l’art qu’était alors Paris a réagi à l’intégration de ces étrangers et a accueilli leur production. Ces recherches ont donné lieu à un livre, préfacé par Michel Espagne, qui paraîtra aux Éditions de la Sorbonne en janvier 2025.
22 novembre 2024 : New Identities in Eastern and Southeastern Europe: Cultural Transfers in the Early 20th
Century Cultural Transfer, Mass Media and Identity Politics in Interwar Yugoslavia – A Complex En-tanglement: On Radio Belgrade’s Fluctuating Policies Regarding Music Broadcasting (1929–1936)
Ivana Vesić, Institute of Musicology SASA, Belgrade, Serbia
The early history of radio broadcasting in interwar Yugoslavia was characterised by constant changes and attempts at improving the quantity and quality of the programme of its three radio stations (Zagreb, Ljubljana and Belgrade) in order to follow the latest novelties intro-
duced in the countries with most advanced radio and entertainment industries. As Radio Bel-grade began with the production of its own musical, theatrical, and educational shows in March 1929, its managers took many efforts to enable the subscribers to enjoy the advanced experience of radio listening as was the case with subscribers in countries such as the United Kingdom, Germany, Austria, Italy, Hungary, etc. Aside from using ‘ready-made’ solutions de-veloped in these countries when it comes to shaping the radio programme which was neither denied nor concealed in public, Radio Belgrade’s managers faced various challenges in the process of selecting musical ‘content’ given the multiplicity and diversity of interests that it encompassed. The question of how to ‘sound’ both local, national and global at the same time as well as to respond to the needs of listeners with distinctly shaped social background constantly haunted radio authorities leading to periodical changes of musical programme. However, it was not until the state-issued ‘Regulation on Broadcasting Programme of Radio Stations in the King-dom of Yugoslavia’ (April 1933) that the Radio Belgrade leadership was forced to thoroughly reassess its musical policies. Instead of fostering the democratization of musical taste that was based on showing utmost respect towards the socio-cultural diversity of its listeners which resulted in the broadcasting of a plethora of musical genres, styles and practices, radio man-agers were coerced to reinterpret their definition of ‘legitimate music’ and, consequently, their understanding of ‘musical values’ in local, national and international frameworks. As the attempts to sound more ‘national’, ‘authentic’, ‘artistic’ and ‘(Yugo)Slavic’ unravelled, inter-esting cases of filtering of musical repertoire and performing ensembles started to emerge. These cases will be discussed in detail given the fact that they reflected the complexity of the concept of cultural transfer in the conflicting sociocultural and sociohistorical settings in the Kingdom of Yugoslavia, which was torn between the ideology of Slavic or Western European modernisation, a traditional (ethnic) and ‘avant-garde’ understanding of national identity (in-tegral Yugoslavism), and homogenous (‘authentic’) and hybrid (‘degenerate’, ‘spoilt’) cultural (and musical) practices.
Adolescence, Youth, and Teenagers in Eastern Europe c. 1900: Cultural Transfer and Its Perils
Orel Beilinson, The Polonsky Academy for Advanced Study in the Humanities and Social Sciences
In the 1920s, societies across Europe worried about adolescents and youth. Youth became a political identity, a concept transferred from the German-speaking world to large parts of Central, Eastern, and Southeastern Europe. The concept of adolescence, a biological-social-psychological phase of life, was even more recent, elaborated most forcefully by American psychologists. These concepts not only fueled social anxieties. They also structured discourse about young people, both as individuals and as collectives, across the continent. In this way, they diverted attention away from the myriad other terms that European societies used to describe their young members. Such terms became obsolete; they were recorded as old slang, as rural jargon, or even as ethnographic finds. Behind this, however, may lie meaningful, if now obsolete, methods that “traditional” European societies used to divide up the life cycle and group their young members before the advent of the “adolescent” and later the “teenager.” My presentation will focus on cultural transfer as a risk. Its success, the case of adolescence and youth shows, can lead to forgetfulness. What can we do to retrieve the information it helped efface?
13 décembre 2024 : Cultural Transfers and Digital Humanities – Methods and Challenges
In cooperation with the Digital Lab of the Research Centre Global Dynamics, Leipzig University.
From Transfer to Resonance
Tommaso Venturini, Université de Genève Medialab, CNRS Center for Internet and Society
Since the Shannon–Weaver’s model, communication is often represented “topologically” as the transmission or transfer of content from a source to a destination. In this talk, I will suggest that this idea is connected to a literate conception of culture and communication that discounts other forms of cultural propagation that are best described by “temporal” metaphors of resonance or resounding. In the context of contemporary digital media, these metaphors allow to better make sense of phenomena of digital memesis and secondary orality.
Comparative Literature, Comparative Data? Computational Methods in Transnational Contexts
Jana-Katharina Mende, Martin-Luther-Universität Halle-Wittenberg
Digital humanities, specifically Computational Literary Studies, provide a large set of digital tools and methods designed to investigate literary corpora through stylometry, topic modelling, sentiment analysis, corpus analysis. However, in recent years many projects within Computational Literary Studies have shown a monolingual and disciplinary bias favoring projects that work with one language, based on national corpora or authors. This has technical as well as institutional reasons but both lead to an exclusion of dedicated tools for studying the core subjects of comparative literature: comparisons across linguistic and literary boundaries, transfer and translation, multilingualism and transculturalism.
The inclusion of digital methods comes with some basic changes regarding traditional literary studies research: What happens when literary texts become data? How can we work around ‘national’ or monolingual standards and datasets to use it for comparative literature? How applicable are concepts like scalable reading (Weitin 2017), data diffraction (Kleymann 2022), smart data (Schöch 2013) and how can they be linked to theoretical approaches within comparative literature? And finally, what can we gain in using a digital or mixed-methods approach to study literary networks, compare texts, and model transcultural literary movements?
This contribution delves into multilingual literary networks of the 19th century, showcasing the use of data and digital methods to research previously understudied authors and literatures, while reflecting on and redefining concepts of data and literature within comparative literature.
10 janvier 2025 : Perspectives transrégionales sur l’Empire ottoman
Regards croisés : Empire du Soleil levant – Empire ottoman
Frédéric Hitzel, CNRS Centre d’études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CETOBaC), École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS)
Le Japon fut longtemps une île fermée, surtout à l’égard de l’Occident. À l’époque d’Edo (entre 1650 et 1842), les missionnaires chrétiens avaient été expulsés, l’accès de ses ports aux étrangers strictement limités. Les Japonais eux-mêmes, sans autorisations préalables, étaient interdits de sorti du territoire sous peine de mort. Cet isolement prit fin en 1853. La politique de la canonnière imposée par les États-Unis força le shogun à signer un traité de paix et d’amitié, établissant des relations diplomatiques officielles entre le Japon et les États-Unis. Durant les années qui suivirent, le Japon signa des traités similaires avec d’autres pays occidentaux.
Pour les Ottomans, le Japon était alors largement Terra incognita. Ce n’est qu’après le début de l’ère Meiji (1868–1912), en 1868, que certains officiels du sultan commencèrent à s’intéresser à ce lointain pays et aux efforts de modernisation que celui-ci mettait en oeuvre. Demeurés indépendants au plus fort de l’impérialisme européen, cherchant l’un et l’autre à opérer des réformes en profondeur, les deux pays ont un adversaire commun : l’Empire russe. C’est dans ce contexte que les premiers contacts diplomatiques allaient se nouer sous le règne du sultan Abdülhamid II (1876–1909).
Le développement de la musique occidentale à Constantinople au XIXe siècle : l’exemple de Giuseppe Donizetti « Pacha »
Nicolas Dufetel, CNRS-IREMUS (Institut de recherche en musicologie), UMR 8223
Parallèlement au développement des Tanzimat avec la proclamation du décret de Gülhane en 1839, au début du règne du sultan Abdülmecid, la musique occidentale s'est progressivement installée à Constantinople. Au-delà des questions politiques, économiques, militaires, etc., l’occidentalisation ottomane est en effet aussi marquée par l’opéra italien, les concerts de musique de chambre, de piano, voire d’orchestre. Cependant, c’est dès la fin des années 1820, sous le règne de Mahmud II, que la musique européenne est peu à peu apparue dans le paysage culturel de Constantinople. En 1828, le recrutement de Giuseppe Donizetti comme Instructeur général de la musique impériale, va durablement marquer l’histoire de la musique en Turquie. Le frère aîné du célèbre Gaetano Donizetti, chargé de l’enseignement et de la formation de la nouvelle musique militaire (transformée avec la réforme militaire et la disparition des janissaires), participe aussi à l’activité musicale de la capitale ottomane et conduit même Mahmud II dans sa propre pratique musicale. La carrière de Donizetti "Pacha" est connue par quelques travaux, notamment turcs et italiens. Elle peut cependant encore être éclairée par des sources inédites et contextualisée dans le cadre des premières années des Tanzimat, voire même avant leur début officiel. La présente communication, qui se situe dans le cadre d’un travail plus large sur la musique occidentale dans l’Empire ottoman à l’époque des Tanzimat, a pour but de présenter de nouvelles pistes d’interprétation à l’appui de sources inédites, en mettant notamment en évidence les aspects diplomatiques et de dialogue culturel.
7 février 2025 : S'orienter dans l’espace, se déployer dans le temps : quelles spécificités de l’humain ?
Configurer l’espace orienté à partir du corps humain en mouvement : la théorie de l’architecture d’August Schmarsow
Mildred Galland-Szymnkowiak, CNRS, UMR 8547 Pays Germaniques: Transferts Culturels, Archives Husserl
L’idée que l’architecture est essentiellement une mise en forme de l’espace senti et vécu par les êtres humains va aujourd’hui de soi, mais elle n’est devenue consciemment opérante qu’au XXe siècle. Elle était apparue à la fin du 19e s. dans la théorie de l’architecture grâce à un historien d’art formé à la philosophie, August Schmarsow (1853–1936), titulaire de la chaire d’histoire de l’art de Leipzig à partir de 1893. Il expose comment l’espace humain et, à partir de lui, l’espace architectural, se constitue dans un rayonnement à partir de la conformation spécifique du corps humain en mouvement.
L’exposé se fondera sur le travail en cours de constitution et de traduction (avec Emilie Oléron) d’une anthologie des textes de Schmarsow développant sa théorie de l’espace. Les questions de traduction auront toute leur place dans la réflexion. On montrera comment cette ‘anthropologie de l’espace’ permet à l’historien d’art d’articuler un système des beaux-arts, et une méthode d’écriture d’histoire de l’art. On soulignera également comment cette théorie se construit, dans le contexte de la Kunstwissenschaft, à partir de transferts depuis la philosophie, la psychologie et l’esthétique – en particulier l’esthétique de l’Einfühlung.
La perfectibilité de l’homme : transferts culturels au sein des lumières
Charlotte Morel, CNRS, UMR 8547 Pays Germaniques: Transferts Culturels, Archives Husserl
En 2022 a paru une vaste anthologie de textes allemands traduits en français, autour de la notion de « perfectibilité ». Le terme est dû à Rousseau, qui par son emploi si particulier dans le second Discours (1755) a déclenché en Europe de vastes discussions. La « faculté » de « se perfectionner » est-elle une simple potentialité toujours susceptible de revenir en arrière – ou bien nous oriente-t-elle de façon finalisée, de sorte que l’accomplissement d’une « destination de l’homme » nécessite un déploiement de notre être (individuel ou collectif) dans le temps ? En se penchant sur le détail des traductions allemandes du terme, on mettra en avant les grandes lignes de ce débat anthropologique, et certaines de ses causes qui seront à chercher dans la configuration antérieure de l’espace philosophique et théologique en Allemagne.
28 mars 2025 : Contours and Transnational Aspects of Belle époque Anarchist Counterculture
En collaboration avec le Département d'Histoire − ENS-PSL.
Séance hybride : en ligne et sur place / Hybrid session: online and at ENS, rue d’Ulm, salle Celan.
Mapping and Making Sense of Intentional Communities in the Belle époque, ca. 1880–1914
Hugo García, Universidad Autónoma de Madrid
The prewar decades witnessed one of the widest waves of communitarian living in history, with hundreds of communities mushrooming in Europe, the Americas, Australia and New Zealand, South Africa, Palestine and other regions. This social trend built on previous traditions of socialist and religious utopianism but expanded into a self-conscious attempt to escape the perceived ills of industrial society, reform everyday life and, in some cases, popularize the idea of social revolution.
Echoing Constance Bantman’s intervention, this paper will map and interpret these communities, and above all those inspired by anarchist ideas and values, to better understand radical geographies and worldviews on the eve of the war. Taking these experiments seriously allows us to explore the complex links connecting different parts of a rapidly globalizing but highly unequal world as well as to think through the problems raised by these connected but in fact highly diverse initiatives. To what extent was there a global counterculture before the war and how did it interact with different social and political agendas? What were the communities’ driving impulses, inner dynamics and impact on mainstream society? How were they affected by the war and how do they differ from the postwar communities studied by Robert Kramm among others? The presentation will raise these problems and suggest tentative answers through a comparison of the most ambitious communities and the writings by and on their participants.
Les réseaux anarchistes transnationaux, entre local et global
Constance Bantman, University of Surrey
Cette communication se concentrera sur plusieurs « noeuds » du militantisme anarchiste transnational dans les années 1880–1914, notamment les milieux d’exil et de migration internationaux de Londres, ainsi que les réseaux noués autour des périodiques édités à Paris par le journaliste, éditeur et théoricien Jean Grave : Le Révolté (1879–1887), La Révolte (1887–1894) et Les Temps Nouveaux (1895–1914). Ce corpus permettra de confronter différentes modalités du militantisme anarchiste transnational au sein des communautés multilingues et trans-partisanes créées par l’exil, les migrations et les diffusions d’imprimés ; en empruntant aux travaux sur les dimensions spatiales de l’anarchisme, on pourra ainsi se demander jusqu’à quel point ces espaces militants peuvent eux aussi être analysés comme des « communautés intentionnelles ».
Également en écho à la communication d’Hugo Garcia, cette intervention s’appuiera sur ces études de cas pour interroger l’existence d’une contre-culture anarchiste mondiale dans les trois décennies précédant la Grande Guerre, en soulignant les communautés transnationales structurées par ces échanges et ces mobilités, ainsi que les multiples échelles sur lesquelles ces liens se déploient et fonctionnent.
En contrepoint, il convient néanmoins d’interroger les enjeux de pouvoir, dynamiques spatiales et hiérarchies implicites associés à ces circulations, dans le cadre d’un mouvement égalitaire et internationaliste comme l’anarchisme. Dans quelle mesure peut-on parler de dynamiques diffusionnistes, voire eurocentriques, en considérant d’autres espaces où l’anarchisme s’est développé, notamment en Amérique latine et en Asie ? Quels discours les anarchistes eux-mêmes ont-ils tenus concernant ces échanges, quelles visions du global ont-ils articulées ?
11 avril 2025 : New Perspectives on Mediators and Networks of Cultural Transfer
Paul-Marc Sauvalle (1857–1920) – journaliste anticlérical et intellectuel cosmopolite
Hans-Jürgen Lüsebrink, Universität des Saarlandes
Cette première étude (à paraître en 2025) de la biographie et l’oeuvre de Paul Marc Sauvalle (1857–1920) vise un personnage oublié, mais important pour l’histoire littéraire et culturelle du Canada francophone et les transferts culturels transatlantiques autour de 1900. Né en France où il intégra la prestigieuse école militaire de Saint-Cyr pour devenir officier, Sauvalle quitta l’armée en 1881 et émigra à la Nouvelle-Orléans (Louisiane), puis à Mexico où il devint journaliste et collabora à divers périodiques francophones. Arrêté en juillet 1884 à Mexico en raison de son engagement politique contre la politique économique et sociale du général González, Sauvalle émigra au Canada. D’abord collaborateur, puis rédacteur en chef du journal La Patrie, fondateur des journaux La Bataille et La Libre Parole et collaborateur d’une vingtaine d’autres journaux, notamment Canada-Revue et La Presse, il s’établit à Montréal et devint l’un des journalistes et intellectuels les plus influents du Canada francophone autour de 1900. Défendant des positions libérales radicales et anticléricales, luttant pour le progrès économique et social, l’émancipation des femmes, une réforme fondamentale de l’enseignement et l’idée de laïcité, Sauvalle anticipa des idées qui allaient percer plus tard avec la Révolution Tranquille des années 1960. Quatre aspects de sa personnalité et de son oeuvre sont particulièrement mis en relief dans cet ouvrage, sur la base de documents imprimés et d’archives largement inexplorées: la dimension transculturelle et cosmopolite de sa carrière et de sa pensée ; son rôle de médiateur intellectuel et journalistique entre l’Europe et l’Amérique du Nord ; sa passion pour l’écriture et la virtuosité avec laquelle il maniait différents styles et genres littéraires et journalistiques ; ainsi que son caractère combatif, se révélant dans plusieurs débats publics violents, comme ceux le confrontant au journaliste ultramontain Tardivel et au poète Chapman.
Networks in Cultural Transfer: Some Research Perspectives
Stephan Packard, Universität zu Köln
Cultural contacts and cultural transfer are always conveyed through networks: They depend on relationships between individual intermediary figures and mediating institutions, on channels and conventions for trade, transport, and communication, on travelling objects and nomadic media, and on the implicit protocols governing each of the individual communications and co-operations involved. Innovative research on networks emerging from a number of disciplines over the last two decades offers new opportunities for the engagement with cultural transfer in the humanities. This talk will present some of these approaches for discussion, drawing on debates in the graduate programme ‘Cultural
Transfer’ at Freiburg University (and previously also collaborating with Moscow and Petersburg) and moving from qualitative network research through insights from quantitative models to conceptual questions arising from systems, actor-network and actor-media theory.
9 mai 2025 : Transferts culturels en Chine, de l’histoire religieuse à l’histoire littéraire
Transfert littéraire : Concept et pratique en France et en Chine. Présentation d’un nouvel ouvrage collectif
Zhao Mingjie (ENS-PSL), Cheng Yuning (Université de Nankai)
Les contributions rassemblées dans cet ouvrage collectif reprennent des exposés présentés dans un colloque qui s’est tenu à l’ENS en 2022 dans le cadre du programme ENS-Fudan et qui visait à éclairer la notion de transferts littéraires. Celle-ci désigne les rencontres de deux ou de multiples espaces littéraires différents, entretenant des relations fécondes les uns avec les autres. Dans la perspective d’élargir les réflexions sur la dynamique entre les cultures française et chinoise du Moyen Âge jusqu’à l’ère contemporaine, les auteurs des articles abordent cette question sous les aspects suivants : traduction, réception, adaptation, réécriture et transfert critique. Cette intervention mettra en évidence les apports de chacun (. Transfert littéraire : Concept et pratique en France et en Chine, sous la direction de Zhao Mingjie et Cheng Yuning, Tusson, Du Lérot, 2024).
The Missionary Presentation of the Kaifeng Jewish Community and its Influence on Modern Chinese Intellectuals
Ke Zhang, Fudan University
Following the initial contact between Matteo Ricci and the Kaifeng Jews in the early 17th century, this community began to gain wider recognition. For a long time, Chinese intellectuals misunderstood the identity of the Kaifeng Jews, often conflating them with Catholics or Muslims. It was not until the 19th century, under the influence of Western Protestant missionaries, that the Chinese began to correctly identify the Kaifeng Jews and subsequently initiated studies on the community’s “assimilation” process.
6 juin 2025 : Session de clôture / final session with doctoral students, tba
Mis à jour le 25/11/2024