« Je voudrais offrir à toutes et à tous les mêmes opportunités de trouver sa voie »

À vingt-et-un ans, Louis Gleyo mène une double vie. Si son quotidien est rythmé par les cours, ce Nancéien d’origine troque quelques heures par semaine sa casquette d’étudiant contre celle de chargé de projet Recherche et Développement à l’ONISEP. Sa mission ? La mise au point d’un nouveau logiciel de pointe d’orientation scolaire, afin que chacun puisse bénéficier des meilleures conditions possibles. Idéaliste aux pieds sur terre, Louis ne s’imagine pas sa future profession sans contribuer à l’intérêt général.

Louis Gleyo, sur le toit de l'ENS-PSL
Louis Gleyo, sur le toit de l'ENS-PSL

Servir l’intérêt général

À l’âge des grands questionnements sur les poursuites d’études, des hésitations pour les vœux sur Parcoursup, Louis Gleyo avait déjà esquissé son avenir : « Depuis la terminale, je savais que je voulais intégrer le département d’études cognitives de l’ENS, j’ai donc réfléchi au parcours optimal pour y parvenir. » Après avoir obtenu son bac scientifique au lycée Henri Loritz de Nancy, Louis décide de poursuivre en double licence de mathématiques et informatique à l’Université de Lorraine et effectue en parallèle deux années de licence de psychologie à l’Université Paris 8. « Les sciences cognitives nécessitent d’avoir à la fois des connaissances en modélisation informatique ainsi qu’une culture de base en psychologie, » explique-t-il pour justifier son parcours. Et lorsqu’on lui demande ce qui l’a poussé vers cette discipline, Louis n’hésite pas : « Les sciences cognitives mêlent rigueur scientifique et approche interdisciplinaire. Il y a une réflexion toute particulière sur la façon de limiter les biais expérimentaux qui me plait beaucoup. » Mais pour le normalien, il s’agit surtout d’un choix en phase avec ses idéaux de carrière et d’impact sociétal : « Je suis persuadé que dans les sciences en général ou dans les politiques publiques, on gagnerait beaucoup à mieux intégrer les sciences comportementales », affirme-t-il.

Un logiciel d’orientation sur mesure

Poussé par l’envie d’aider les autres, le normalien est aussi depuis janvier chargé de projet pour l’ONISEP, l’organisme national de référence qui produit et diffuse l'information sur les formations et les métiers. Le normalien travaille à un projet de logiciel de pointe d’orientation, basé sur un algorithme qui croisera les données du vaste Répertoire Opérationnel des Métiers et des Emplois (ROME) et les centres d’intérêts de l’utilisateur, afin de lui proposer un parcours à la carte. « L’éducation, comme la santé, est un sujet qui me tient à cœur, explique Louis. Il existe de nombreuses inégalités d’orientation. Tout le monde n’a pas les mêmes ressources et chacun doit pouvoir avoir accès à la même information pour trouver sa voie », insiste-t-il.

Louis parle d’expérience : c’est en cherchant seul sur Internet, après ses journées au lycée, qu’il découvre l’ENS. La construction d’un parcours adapté pour intégrer l’École lui prend beaucoup de temps. Ce sera aussi un chemin de doutes qu’un meilleur accès à l’information aurait limité. « J’espère que ce logiciel facilitera les orientations, mais aussi les réorientations universitaires, en dédramatisant la vision d’un choix immédiat et irréversible », explique-t-il.

« C’est en cherchant seul sur Internet, après mes journées au lycée que j’ai découvert l’ENS. »

« L’ENS regorge de profils différents aux parcours variés, chacun a sa chance »

Quelques mois après avoir intégré l’ENS, Louis ne regrette pas son choix : l’étudiant y a trouvé sa place, même si des questions sur son avenir subsistent : « Les cours de l’École sont extrêmement diversifiés et poussent dans les retranchements introspectifs. Il y a tellement de possibilités et de passerelles entre les cursus qu’il faut savoir prendre le temps de s’interroger sur le futur. En revanche, si on est déjà sûr de ce que l’on veut faire, l’ENS sait aussi accorder une grande autonomie », témoigne-t-il.

Et si, très pris par ses cours et son emploi, Louis avoue n’avoir pas encore eu le temps de participer aux nombreuses activités associatives de l’École, il est heureux de son quotidien sur le campus : « Pour les étudiants et étudiantes qui souhaitent vivre au sein d’une communauté, surtout après la prépa qui peut être très éprouvante, l’ENS est l’endroit idéal. Mais on peut aussi garder une certaine autonomie et nouer des amitiés spontanément, en dehors d’une vie associative universitaire, explique-t-il. Grâce à la taille humaine du campus, il est très facile de voir ses amis et de passer du temps avec eux. Cela fait un bien fou, notamment à la suite des confinements », ajoute-t-il.

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Désireux d’encourager celles et ceux qui voudraient intégrer l’École normale, Louis livre volontiers quelques conseils : « Souhaiter étudier à l’ENS juste pour son prestige n’est pas une bonne idée. Il faut connaitre les particularités de l’École et savoir ce qu’elle peut vous apporter par rapport à un cursus plus classique en Université, considère-t-il. Aussi, et je m’adresse particulièrement à ceux qui viennent de province, ne vous censurez pas. L’ENS regorge différents profils aux parcours variés. Chacun a sa chance », conclut l’étudiant.

À la rentrée prochaine, Louis poursuivra donc en parallèle de ses études à l’ENS-PSL le Master Politiques Publiques et Développement de Paris School of Economics (PSE), pour ensuite continuer dans la recherche ou la haute fonction publique. « Ce qui m’intéresse vraiment, c’est d’évaluer les politiques publiques, leur conception, leur déploiement, ce qui fonctionne, etc. Mais je ne sais pas encore si ce sera en tant qu’enseignant-chercheur ou haut-fonctionnaire, avoue-t-il. Pour trouver un équilibre entre les deux j’envisage de préparer le concours d’administrateur INSEE, qui permet de travailler sur des projets de recherche et de concevoir des politiques publiques, ajoute-t-il. Dans tous les cas, il est primordial pour moi de contribuer à l’intérêt général. »

Mis à jour le 23/2/2023