Utopie et Tyrannie

Tous les vendredis, les éditions Rue d'Ulm vous offrent un livre. #laculturechezvous

Avec cet ouvrage issu de l'étude des « Papiers Halévy » archivés à la bibliothèque de l’ENS, Michel Battini explore l'histoire du socialisme européen et remonte aux sources du mouvement ouvrier, mettant en lumière l’opposition entre un autoritarisme nostalgique des corporations et la volonté d’étendre les libertés des modernes jusque dans le domaine du travail.
utopie et tyrannie
Jérôme Bosch, Le Jardin des délices, vers 1500, huile sur bois, musée du Prado, détail du vantail droit du triptyque. © Prado, Madrid, Espagne/Bridgeman Images

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(liens valables jusqu'au 21 mai 2020)

Résumé

Selon les néolibéraux, l’utopie mène à la tyrannie, et toute législation sociale est l’ennemie de la liberté. De Hayek à Furet en passant par Aron, ils se sont souvent référés à Élie Halévy et à ses travaux. Or les « Papiers Halévy » déposés à la bibliothèque de l’École normale supérieure permettent de montrer que l’auteur de L’Ère des tyrannies n’a, lui, jamais exclu la possibilité d’associer le socialisme et la liberté. Ils fournissent ainsi les pistes d’une exploration aux sources du mouvement ouvrier, mettant en lumière l’opposition entre un autoritarisme nostalgique des corporations, proche de Bonald, et la volonté d’étendre les libertés des modernes jusque dans le domaine du travail. Ils permettent de reparcourir les œuvres de John Stuart Mill, Saint-Simon, Marx, Proudhon, de confronter le souci de justice sociale à la pensée de Mauss ou de Polanyi, de renvoyer aux lectures de Machiavel et de Rousseau, à Tocqueville et à Arendt, ainsi qu’à la réflexion des classiques – à commencer par Xénophon – sur la nature de la tyrannie.

Paru dans la collection Italica des éditions Rue d'Ulm
 

L’auteur et le traducteur

Michele Battini, né en 1952, est professeur d’Histoire contemporaine à l’université de Pise ; il a été chercheur ou professeur invité à l’Internationaal Instituut voor Sociale Geschiedenis d’Amsterdam, à l’ENS (Paris), à l’université de Marseille-Aix en Provence, à Columbia University et à l’Université hébraïque de Jérusalem. Il a notamment publié L’Ordine della Gerarchia. I contributi reazionari e progressisti alle crisi della democrazia in Francia 1789-1914 (Bollati Boringhieri, 1995), Guerra ai civili. Occupazione Tedesca e Politica del Massacro – Toscana 1944 (Marsilio, 1997), The Missing Italian Nuremberg : Cultural Amnesia and Postwar Politics (Palgrave Mc Millan, 2007), Il socialismo degli imbeccili. Propaganda, falsificazione, persecuzione degli ebrei (Bollati Boringhieri, 2010, trad. Socialism of Fools: Capitalism and Modern Antisemitism, Columbia UP, 2016).

Éric Vial, professeur d’Histoire contemporaine à l’université de Cergy-Pontoise, est spécialiste de l’histoire de l’Italie au XXe siècle, en particulier de l’émigration italienne en France, d’où des incursions dans l’histoire politique française. Il a publié entre autres La Cagoule a encore frappé – L’assassinat des frères Rosselli (Larousse, 2010) et De Gaulle. Portrait-mosaïque (Champion, 2017), codirigé Présages, prophéties et fins du monde, de l’Antiquité au XIXe siècle (L’Amandier, 2014) et L’Uchronie : l’Histoire telle qu’elle n’a pas été, telle qu’elle aurait pu être (L’Œil, 2016), dirigé Jean Moulin, l’âme de la Résistance et Léon Blum. Républicain, démocrate et socialiste (Garnier classiques, 2012). Aux éditions Rue d’Ulm, il a traduit et présenté dans la même collection « Italica » des textes de Piero Gobetti, Libéralisme et révolution antifasciste (2010), puis traduit et préfacé l’ouvrage de Sabino Cassese, L’Italie, le fascisme et l’État (2014).

 

Le point de vue de Lucie Marignac, éditrice

« Fondée par deux historiens spécialistes de l’Italie contemporaine, la collection Italica accueille aussi bien des monographies que des traductions. Ce livre brillant, qui met à mal nombre d’idées reçues à la fois sur le socialisme et sur Élie Halévy, est à la fois un essai d’histoire intellectuelle et la version française inédite d’une étude de tout premier ordre. Battini a su lire de manière exhaustive et réinterpréter ainsi de manière convaincante l’ensemble des archives Halévy et donc la genèse de l’opus magnum sur l’histoire du socialisme européen. Une redécouverte à plusieurs égards, à laquelle la traduction rigoureuse et informée d’Éric Vial rend pleinement justice. »

 

Les archives d’Élie Halévy à l’École normale supérieure

La majeure partie des archives Halévy est conservée à la Bibliothèque de Lettres et Sciences humaines et sociales de l’École normale supérieure, alma mater d’Élie Halévy. Les papiers Élie Halévy constituent l'un des fonds les plus importants conservés à la Bibliothèque de l'ENS, de par son volume (95 cartons d'archives) et de par l'intérêt scientifique qu'il représente. A la mort d'E. Halévy en 1937, c'est son épouse et collaboratrice de toute une vie, Florence Noufflard, qui se charge de conserver ses archives composées de correspondance, textes inédits et inachevés, tous réunis dans la maison familiale de Sucy-en-Brie. Florence Noufflard encourage la publication de trois ouvrages posthumes : L’ère des tyrannies paraît en 1938, L’histoire du socialisme européen en 1948 et le tome quatre de L’histoire du peuple anglais en 1946. Ce sont ses nièces Geneviève Noufflard et Henriette Noufflard Guy-Loë qui seront en charge de cette mémoire patrimoniale.

A la mort de Florence, Henriette Noufflard, fille des peintres  André et Berthe Langweil-Noufflard, entreprendra une politique de valorisation du fonds. Elle prend notamment l'initiative de verser progressivement à l’ENS une partie des fonds qu'elle conserve. Un premier versement des papiers Halévy a été ainsi accueilli par Jean Hyppolite, directeur de l'ENS (1954-1963), à la mort de Florence Halévy en 1957, « en souvenir de l’aide qu’Élie Halévy lui avait apportée pour ses premières publications ». Les nombreux versements s'étalent jusqu'en 2012.  L’étalement des versements sur plus de cinquante ans n’a pas été sans conséquence sur l'intégration du fonds dans les collections de la Bibliothèque : toujours ouvert, il est composé de deux sous-fonds en cours de classement. La correspondance, versée à partir de 1987, constitue le cœur du second sous-fonds.
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À propos de la collection « Italica » des Éditions rue d'Ulm

Au-delà du folklore du pays plein d’attraits et si l’on dépasse la parabole usée de l’« anomalie italienne », l’Italie est au sein de l’Europe un pays qui peut jouer de façon particulièrement pertinente le rôle de vrai laboratoire d’une réflexion d’histoire politique, économique ou culturelle plus générale. La collection « Italica », dirigée par Gilles Pécout et Éric Vial, s’adresse à un public plus large que celui des seuls spécialistes : elle peut intéresser tout lecteur soucieux d’avoir une réflexion informée sur l’histoire moderne et contemporaine européenne, en prenant appui sur le cas italien.