Faire vivre la musique à l’ENS

Rencontre avec deux des nombreuses associations mélomanes musicales de l’Ecole

La vie associative étudiante de l’École normale supérieure est riche et dense : écologie, sport, culture, cuisine, œnologie…. et pas moins d’une dizaine de structures dédiées à la musique sous toutes ses formes ! À l’occasion de la Fête de la Musique, focus sur deux des associations les plus actives du campus : la fanfare de l’École, l’Ernestophone et le Boum, qui participe régulièrement à l’animation des soirées de l’ENS.
L'Ernestophone
L'Ernestophone

Ils font résonner la musique dans les murs de l’ENS et même au-delà. On les croise au détour d’un événement de l’Ecole, d’une soirée ou d’un festival, le soir ou en journée. Et s’ils ont été séparés aux quatre coins de l’Europe, loin de les rendre silencieux le confinement les a poussés à se réinventer pour continuer à faire vivre leur passion.

 

L’Ernestophone et le Boum, des associations ouvertes à tous les mélomanes

Ranimée en 2011, l’Ernestophone, la célèbre fanfare de l’ENS, accompagne depuis toujours les hôtes du campus de l’Ecole. Car si on ne lui donne pas d’âge, « la fanfare participe à tous les évènements organisés par le Comité des Fêtes de l’ENS ou le Bureau des sports étudiant où il est possible de s’immiscer » résume Laure de Chancel, en première année de biologie et par ailleurs joueuse d’euphonium dans l’Ernestophone.
Le Boum quant à lui est un trentenaire heureux, « en témoignent les nombreuses antiquités que l’on trouve parmi son matériel de sonorisation. Un vrai petit musée des années 80-90 » raconte avec humour Sayah El Hajji, étudiant en physique et DJ au sein de l’association.

Les missions du Boum ? Elles sont multiples ! S’il s’occupe de sonoriser les différents événements organisés par d’autres entités de la vie étudiante de l’ENS (soirées hebdomadaires, rendez-vous sportifs du Bureau des Sports…), l’association a aussi ses propres activités et organise des soirées Cartes Blanches, Noires, ou Gold, des évènements en plein air comme les Vinyles Parties, forme de nouveaux membres aux métiers du son (ingénieur son, DJ…), ou les aide à produire leur propre musique avec le matériel du club. Sans conteste, acteur incontournable de la vie étudiante à l’ENS, le Boum accueille tous les normaliens qui le souhaitent. Pour les rejoindre une seule chose compte, l’envie d’apprendre et la passion pour la musique, comme en témoigne Sayah : « j’ai rejoint le Boum très rapidement en arrivant à l’ENS en 2018. Devenir DJ était une envie que j’avais depuis que j’ai découvert la musique électronique en 2013, sans avoir osé me lancer. J’ai donc sauté sur l’occasion en apprenant qu’il y avait un club de DJ à l’ENS et que celui-ci recrutait. Je n’avais fait que très peu de musique et l’apprentissage fut long et laborieux, avec de longues heures d’entrainement dans les locaux du Boum, puis le stress des première soirées… Quelques mois plus tard, je me suis retrouvé parachuté responsable Boum (faute de candidats…). S’en est suivi une année de vie associative exceptionnelle ! » 

Quant à l’Ernestophone, tous les niveaux de pratique d’instrument sont les bienvenus, même s’il est préférable d’avoir quelques notions de musique. Adepte de la nouveauté et de la pédagogie, la fanfare propose à ses membres et aux débutants, lors de séances hebdomadaires, d’apprendre à jouer de nouveaux instruments, dont certains sont prêtés par l'association !

 

Continuer de faire vivre la musique pendant le confinement et après

Jusqu’à la fin de son mandat au Boum en janvier, Sayah a animé une multitude d’événements en dehors et dans l’Ecole comme le week-end d’intégration, le pique-nique de rentrée sur le Campus de Jourdan… Parallèlement il a aussi préparé les nouveaux arrivants et la relève de l’association, formant près d’une quinzaine de normaliens au langage du son et à l’organisation d’événements. Des missions qu’il a tout particulièrement aimé mener. « Aujourd’hui, j’ai passé la main, mais je suis toujours là quand on a besoin de moi : ayant mon propre matériel, j’ai repris du service pour organiser des soirées en ligne avec d’autres membres du Boum pendant le confinement, et je compte bien continuer de former des recrues à la rentrée. » déclare-t-il avec enthousiasme.

Car pendant le confinement, le Boum est resté très actif, malgré la distance géographique entre ses membres. L’association devait organiser une soirée Carte Blanche à la mi-mars, malheureusement annulée quelques jours avant la date prévue. « Vim – un membre du Boum qui avait pu récupérer in extremis les platines vinyle de l’association le temps du confinement – et son colocataire ont eu l’idée de ressusciter l’événement, en « streamant » un set de 2h à l’heure prévue de la soirée. Le délai était trop court pour que d’autres DJs participent ou pour communiquer largement auprès du public, mais les initiés qui avaient pu être présents ont apprécié. Cette idée m’a vraiment plu alors j’ai persuadé les autres DJs du Boum d’organiser d’autres événements en ligne. » explique Sayah.

Leur but ? Le même que pour leurs soirées Cartes Blanches classiques, c’est-à-dire proposer régulièrement des musiques originales et qui leur tiennent à cœur. « Avec un peu d’organisation et d’imagination tout est possible, et pour moi il me semblait plus que naturel d’assurer ce que j’appelle une continuité musicale » ajoute le jeune mélomane.
Après quelques aléas techniques, l’organisation s’est vite fluidifiée. Le Boum a organisé trois sets en ligne pendant le confinement. « Mixer seul devant une caméra s’est finalement avéré beaucoup plus stressant que devant un public. On se sent bien plus exposé, témoigne Sayah. C’est un format de soirée très particulier, qui doit rester ponctuel pour garder son public, ou alors il faudrait que l’on se diversifie, au-delà des types de musiques jouées. En tant que DJ j’ai toujours accordé une grande importance au public, je l’observe et j’adapte mes sets à l’ambiance, parfois après une semaine difficile il me suffit de mixer 30 minutes, quelques sourires, une personne qui vient me dire qu’elle apprécie ce que je fais, et tout est oublié. Là, l’idée était de faire oublier un moment le confinement à notre public, mais pour nous les DJs, ce n’est pas en mixant devant une webcam que l’on oublie. » Loin de la regretter, Sayah est heureux d’avoir fait cette expérience qui ne le rend que plus enthousiaste à l’idée d’une nouvelle saison avec le Boum.

Sayah El Hajji lors d’un événement du Boum en 2019
Sayah El Hajji lors d’un événement du Boum en 2019 © LGB

 

De son côté, L’Ernestophone a fait rimer confinement avec Pressure de Muse. Prenant exemple sur l’Orchestre National de France qui a réussi l’incroyable tour de force de jouer le Boléro de Ravel à distance, la fanfare de l’ENS s’est tournée vers un titre beaucoup plus actuel : une reprise de Muse. Trompettes, clarinettes et saxophones ont ainsi remplacé les guitares électriques du groupe de rock britannique ! Enregistrement sonore, tournage vidéo et montage ont été faits pendant et après le confinement, à distance. Un exercice minutieux qui a demandé organisation et patience à la douzaine de musiciens.

Les étudiants se retrouveront de visu et sur le campus à la rentrée. Et si les conditions sanitaires devaient encore être incertaines, alors Boum et Ernestophone ne manqueront pas d’idées pour nous faire nous vivre la musique de visio.

 

Salle de répétition, folk, jazz manouche, metal… découvrez toutes les associations musicales du COF sur cette page.

 

Bonus : la playlist du Boum

Pour la Fête de la Musique, Sayah El Hajji vous a sélectionné quelques pépites parmi ses morceaux préférés.

Krewella – Alive
Pour commencer, l’une de mes chansons préférées, de mon groupe préféré. Un symbole de l’électro house de 2012-2013.

Dimitri Vegas & Like Mike vs Sander van Doorn - Project T (vocal version)
Une track que j’ai (re)découvert il y a quelques semaines. Un build-up et des vocals d’un autre monde. Cette musique était l’introduction du festival Tomorrowland en 2012 et avait été conçu comme tel (d’où son titre). Un symbole de cette époque pour moi. Après des années d’expérimentations, l’EDM commerciale était prête pour ces grandes heures, l’année 2013.

Thomas Newson – Pallaroid
L’un des premiers titres de Big Room que j’ai découvert (bien avant de connaitre ce terme…). Il était très peu connu à l’époque de sa sortie (fin 2013) et j’étais plutôt fier de ma trouvaille. Le drop n’est pas extraordinaire, voire même un peu bizarre, mais la partie qui le précède, le build-up, reste l’un des meilleurs que j’ai entendu.

Borgeous – Invincible
Difficile de ne retenir qu’un seul titre de l’abondante Big Room du label Spinin’ Record de 2013. J’ai donc choisi celui-ci, qui n’a pas pris une ride. Un drop typique, mais la sublime voix de Julia Michael le sort du lot.

Paul Dave Feat Anna Montgomery - Feel It Way Down (Turbotronic Remix)
Autre titre typique de l’EDM de 2013, bien que moins connu. Je la ressors régulièrement en Carte Blanche, le break est juste incroyable.

Hardwell feat. Amba Shepherd – Apollo
Un vieux classique d’Hardwell, vous l’aurez sans doute remarqué mais j’ai un faible pour les voix féminines de qualité remixées à la sauce électronique et entourées de reverb’.  Et là on en a encore un beau spécimen de ce genre.

Cazzette - Beam Me Up
Encore un morceau typique de l’époque : bons vocals, bon drop, bon build-up. Ni trop calme, ni trop brutal. Parfait à la fois pour chauffer la salle et pour redescendre en rentrant de soirée.

C-BooL - Never Go Away (Older Grand Remix)
Petit saut dans le temps, pour aller jusqu’en 2016. Forcément, le style est un peu différent. De la futur House, le genre de musique qui passait en Club à cette époque. Et passe encore très bien comme j’ai pu le constater. Pour la petite histoire j’avais décidé de baser mon set de la Nuit de l’ENS 2019 sur cette seule chanson, et j’ai cherché des semaines de quoi mixer une heure des musiques qui lui ressemblaient.

Camelphat feat. AME – Paradigm (Shapov Remix)
Changement de genre : c’est avec cette track que j’ai découvert la Dutch House. D’ailleurs pendant des années ce fut la seule du genre que je connaissais… Proche de la Bigroom, mais avec des touches mélodiques plus riche. Et celle-ci contient en plus un break incroyable.

TheFatRat - The Calling (feat. Laura Brehm)
Rien à voir, mais il était tard quand je faisais cette playlist, à un moment j’ai bien dû écouter autre chose pour me détendre avant de dormir. Encore une voix époustouflante, une musique à avoir écoutée au moins une fois je dirais.