Bourses ERC Synergy 2020 : résultats remarquables pour l'ENS

Félicitations aux lauréats de cet appel à projet prestigieux

L'École normale supérieure accueille 3 des 34 projets sélectionnés sur une base extrêmement compétitive par l’ERC, un résultat remarquable.

Il s’agit du projet HiSCORE de Geoffrey Bodenhausen au département de chimie, du projet  MICRO-COPS d'Antoine Triller à l’Institut de Biologie, et du projet LiquOrg de Frédéric Pincet au laboratoire de Physique.

Yong Chen
Yong Chen

Lab on a chip : un laboratoire miniature pour mieux tester les traitements

Comprendre et réguler les systèmes naturels au niveau cellulaire est particulièrement intéressant pour la modélisation et le diagnostic des maladies, la médecine régénérative mais aussi les tests de l’efficacité des médicaments contre certains virus.

Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, c’est sur ce dernier point que Yong Chen et son équipe concentrent actuellement leurs recherches. Pour cela, ils ont recréé in vitro un écosystème de cellules alvéolaires présentes dans les poumons, afin de mieux comprendre l’interaction entre le virus, les cellules attaquées et les cellules immunitaires du corps humain. Dès qu’il sera finalisé, ce dispositif expérimental servira de plateforme de dosage immunologique contre le Covid-19. Un projet minutieux, de long haleine, mêlant à la fois biologie, physique, chimie mais aussi ingénierie.

Pour Yong Chen, « il est naturel que les physiciens et les technologues proposent les nouvelles méthodes ou approches pour répondre aux questions ou appels en recherche biomédicale. ». Ce physicien de formation, passé par le laboratoire de photonique et de nanostructures (LPN) du CNRS, est spécialisé dans la microfluidique, un champ de recherche complexe mais qu’il qualifie avec simplicité de « plomberie miniature », une étude des fluides à échelle micro et nanoscopique.

Cette grande maîtrise de l’infiniment petit lui a permis de nombreuses collaborations dans son domaine d’abord, mais aussi et plus récemment sur le champ de la biologie. Depuis une dizaine d’années, il met son expertise au service de la santé.
Utilisés surtout en physique, les nouveaux champs d’application en biologie de la microfluidique se sont révélés particulièrement utiles pour traiter les échantillons cellulaires. Cette technique permet ainsi d’étudier le comportement des cellules de certains organes et les solutions métabolisées. Elle permet aussi de concevoir des unités d’analyse sur des plaquettes de la taille d’une puce électronique, appelées lab on a chip (comprendre littéralement « laboratoire sur une puce »).

 

Récréer in vitro un écosystème tissulaire humain

Dans le cas de ces recherches sur le Covid-19, Yong Chen et son équipe ont tout d’abord créé une membrane basale ultra-mince appelée patch. Celle-ci sert de support de culture cellulaire pour la réalisation écosystème in vitro dans une boîte de Pétri.

Ce patch est biomimétique et totalement organique, contrairement aux autres procédés qui utilisent des composants artificiels comme l’élastomère (une matière plastique). Les chercheurs ont ainsi élaboré cette membrane monocouche à partir de collagène de type IV et de laminine, qui sont les mêmes molécules que celles qui constituent une membrane basale in vivo. Une caractéristique primordiale car cette membrane-contact possède un rôle majeur dans la survie, la prolifération et la différenciation des cellules qu’elle va accueillir par la suite.

Parallèlement, à partir de cellules souches pluripotentes induites par l’homme (iPSCs) (1), l’équipe de recherche a développé une génération de cellules tissulaires respiratoires alvéolaires et capillaires endothéliales (2), ainsi que trois types de cellules du système immunitaire : les macrophages, les neutrophiles et les dendritiques.

Il est important que ces cellules tissulaires et immunitaires proviennent de la même souche, (l’équivalent du même organisme humain), pour qu’elles soient compatibles entre elles. La production automatisée de ces cellules, telle que l’a mise en œuvre l’équipe de Yong Chen, permet un gain de temps considérable en obtenant des cellules différenciées en seulement quelques semaines.

Les cellules respiratoires alvéolaires et capillaires sont ensuite mises ensemble en culture sur le patch organique, intégré dans un dispositif microfluidique avec une interface air-liquide, nécessaire à leur croissance.