Proust et le (mauvais) genre

Journée d'étude

L’expression « mauvais genre » est employée par Proust pour renvoyer à l’homosexualité, mais elle peut prendre divers sens grâce à la polysémie du mot genre en français, qui ne recouvre pas le gender anglo-saxon. Soucieuse d’éviter tout anachronisme, cette journée d'étude cherche à faire dialoguer des points de vue différents sur le « genre ».
Proust-Belleville, 2012 © Marion Dupuis
Proust-Belleville, 2012 © Marion Dupuis

Cette journée d’étude s’inscrit dans la réflexion contemporaine sur le genre, en souhaitant croiser les différents domaines d’acception du terme en français et en évitant tout anachronisme.

« Mauvais genre »… Cette formule intrigante, cryptée en « m.g. » dans la correspondance de Proust, est explicitement associée à Albertine dans À la recherche du temps perdu. De la grammaire à l’ethos collectif, en passant par l’histoire naturelle, la biologie, le désir sexuel ou la nomenclature littéraire, le genre renvoie à la catégorisation – et, partant, à sa subversion. Qu’on s’en étonne ou non, il n’y a pas de « bon » genre chez Proust (notre « bcbg » n’appartient pas à son époque) : il y a le genre, et le mauvais genre. Ce dernier renvoie notamment au jugement social qui condamne l’homosexualité masculine ou féminine, mais chez Proust, on finit par se demander si « en être » (du mauvais genre) ne caractérise pas la majorité des individus, et s’il est, dans le monde romanesque proustien, socialement si réprouvé qu’un lecteur de son temps aurait pu s’y attendre. D’autant que la signification du syntagme échappe largement au narrateur, qui s’interroge tout au long de la Recherche au sujet d’Albertine.

Journée d’étude organisée par Anne Simon et Yangjie Zhao.

Avec la participation de Yannick Chevalier, Emily Eells, Stéphane Heuet, Ludovico Monaci, Jean-Marc Quaranta, Nicolas Ragonneau, Isabelle Serça, Anne Simon, Perrine Simon-Nahum, Zhu Wen et Yangjie Zhao.

Mis à jour le 23/1/2023