Accompagner les jeunes femmes scientifiques dans leur carrière

L’ENS rejoint le programme de mentorat Femmes et Sciences de PSL

Créé le
16 mars 2023
Aujourd’hui, si les femmes représentent 45% des doctorants, elles sont 29 % parmi les directeurs de recherche et les professeurs (1). Des chiffres révélateurs, lorsqu’on sait que trois ans seulement après l’obtention d’un doctorat, les conditions d’emploi des femmes s’avèrent systématiquement moins favorables que celles des hommes (1).
Lancé il y a un an, le programme de mentorat Femmes et Sciences PSL propose aux doctorantes de les accompagner dans le développement de leur carrière, toutes disciplines confondues. Depuis 2023, l’ENS a rejoint cette initiative avec une quinzaine d’étudiantes et tout autant de mentors.
Rencontre avec Évelyne Fischer, membre du comité de pilotage du mentorat Femmes et Sciences de l’université PSL et chercheuse INSERM à l’Institut de Biologie de l’ENS.
Visuel Mentorat Femmes et Sciences

Il y a un an, au sein de PSL, des chercheuses de l’Observatoire de Paris et de l’EPHE lançaient le programme Mentorat Femmes et Sciences PSL, qui s’est ensuite étendu à l’ENS. Pourquoi vous être mobilisée pour ce programme ?

Évelyne Fischer : Après une première année centrée sur les sites de l’Observatoire et de l’École Pratique des Hautes Études (EPHE), le programme Mentorat Femmes et Sciences PSL a souhaité élargir son périmètre à d’autres établissements PSL.

Après une rencontre des membres fondateurs du programme avec Anne Christophe, directrice adjointe Sciences de l’ENS, Valérie Theis, directrice adjointe Lettres et Sciences sociales et Charlotte Jacquemont, Directrice du Département d’Etudes Cognitives (DEC), celui-ci s’est ouvert depuis 2023 aux étudiantes de l’ensemble des départements de l’ENS, concernant à la fois les sciences dures (STEM) et les sciences humaines et sociales.

L’ouverture de ce programme a été transmise par les instances de l’École normale à l’ensemble de sa communauté enseignante et de la recherche. Après une première réunion d’information, j’ai souhaité rejoindre et participer au développement de ce programme à l’ENS. Mon implication dans ce programme vise avant tout à aider les jeunes femmes scientifiques à s'intégrer plus facilement dans le milieu de la recherche publique ou privée, et à obtenir des postes en adéquation avec leurs parcours et leurs compétences.

En quoi consiste le programme Mentorat Femmes et Sciences PSL ?

Évelyne Fischer : Le programme de mentorat comprend deux aspects complémentaires : des entretiens individuels mensuels entre étudiantes et mentors, ainsi qu’une dizaine de rencontres collectives étalées sur l’année, sous différentes formes : témoignages de parcours professionnel et choix de carrière - dans le monde académique ou dans le secteur privé - cercles de discussion ou formation par des intervenantes extérieures…

Les thèmes abordés concernent tant les défis personnels, comme la confiance en soi, que les projets professionnels : perspectives d’évolution professionnelle, stages post-doctoraux, préparation aux concours … qui se présenteront aux doctorantes dans leur carrière.

Comment une doctorante à l’ENS peut-elle rejoindre ce programme ?

Évelyne Fischer : En octobre 2022, toutes les étudiantes des différents départements de l’École ont reçu un message présentant le programme, ainsi que les informations pour s’y inscrire. Une première réunion d’information a eu lieu au mois de novembre, à la suite de laquelle la campagne d’inscription a été lancée pour l’année civile 2023.

Pour les doctorantes qui souhaiteraient rejoindre le programme en 2024, les formulaires d’inscription sont accessibles tout au long de cette année. La prochaine campagne d’inscription débutera en octobre prochain. Nous avons également un second formulaire pour les membres du personnel de l’École qui souhaiteraient devenir mentors, hommes ou femmes.

Vous êtes l’une des représentantes de l’ENS au sein du comité de pilotage de ce programme de mentorat. Quel est votre rôle ?

Évelyne Fischer  : Le comité de pilotage, composé de huit membres appartenant à des établissements différents, est chargé de l’organisation concrète du programme, c’est-à-dire à la fois des rencontres permettant la formation des paires mentorée/mentor, et de la mise en place des réunions collaboratives. Nous fonctionnons de manière collective pour nous répartir ces différentes actions. Nous restons disponibles tout au long de l’année, pour être à l’écoute des mentorées et des mentors, mais aussi répondre plus largement aux demandes d’information extérieures concernant ce programme.

Comment le programme de mentorat Femmes et Sciences PSL est-il amené à se développer au sein de l’ENS ?

Évelyne Fischer  : Dès l’ouverture aux étudiantes de l’ENS, une quinzaine de doctorantes d’horizons différents, issues de plusieurs départements de l’École, a rejoint le programme de mentorat, ainsi qu’une quinzaine de mentors de l’établissement, parmi l’équipe enseignante et de recherche. Nous espérons poursuivre et développer ce programme à l’ENS en 2024. Le retour sur expérience de cette première année par les mentorées et leurs mentors nous permettra d’affiner et d’adapter nos propositions de formation au plus près des attentes des doctorantes.


 « Nous espérons que ce projet de mentorat fera partie des initiatives qui contribueront à atteindre une parité dans les domaines scientifiques, ce qui représente un enjeu sociétal certain. »

 

Lettres ou sciences, le constat est le même : en Europe, seulement 18 % des hautes fonctions universitaires sont exercées par des femmes et, au niveau mondial, elles représentent 5% des Prix Nobel, toutes disciplines confondues. Sur la question de la parité et de la place des femmes dans les sciences, quel est votre témoignage et votre réaction ?

Évelyne Fischer : À la fin du secondaire déjà, les filles sont peu nombreuses dans les parcours scientifiques, notamment depuis la réforme du lycée général en 2019 (2). Par la suite, dans l’enseignement supérieur, elles le sont encore moins dans les filières en sciences ou d’ingénieur. D’autre part, une fois engagées dans un parcours scientifique, les femmes restent encore largement sous-représentées dans les positions dirigeantes (1).

L’association Femmes et sciences, dont viennent les fondateurs du programme de mentorat Femmes et Sciences PSL, a développé des interventions afin de promouvoir l’image de la science chez les femmes auprès des jeunes et proposer un programme de mentorat pour les doctorantes afin de leur fournir une aide supplémentaire pour construire leur projet de carrière. Nous espérons que ce projet de mentorat fera partie des initiatives qui contribueront à atteindre une parité dans les domaines scientifiques, ce qui représente un enjeu sociétal certain.


Évelyne Fischer est chercheuse Inserm au sein de l’équipe “Division cellulaire et neurogenèse” au sein de l’Institut de Biologie de l’ENS (IBENS).


(1)    Source : Enseignement supérieur, recherche et innovation - Vers l’égalité femmes-hommes ? chiffres clés 2022, Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
(2)    Source : Femmes et hommes, l’égalité en question, Édition 2022, Insee

 

En savoir plus sur le programme de Mentorat Femmes et Sciences PSL

 

Le programme de mentorat Femmes & Sciences PSL a été lancé il y a un an par un collectif de chercheuses et chercheurs de l’Observatoire de Paris – PSL et de l’École Pratique des Hautes Études – PSL (EPHE).

À cette occasion, dans un article publié sur le site web de PSL, découvrez le témoignage de deux membres du comité de pilotage du programme, Rhita Ouazzani, astronome au Laboratoire d’Étude Spatiale et d’Instrumentation en Astrophysique (LESIA) de l’Observatoire de Paris et Sophie Thenet, directrice d’études à l’École Pratique des Hautes Études (EPHE) et de Mathilde Mâlin, doctorante mentorée 2022 au LESIA.

Lire l’article sur le site web de PSL