Le Soleil continuera de se Lever

Une création et une mise en scène de Joe Melki au Théâtre Nicole Loraux

Dans le cadre de sa saison 2022-2023, le Théâtre Nicole Loraux propose de découvrir la création de Joe Melki « Le Soleil continuera de se Lever ». Une pièce qui aborde la question de la radicalisation religieuse.
Théâtre Le soleil continera de se lever

Le Soleil continuera de se Lever - une création de Joe Melki (2023)
au Théâtre Nicole Loraux

Durée : 1H20

Qu’est-ce qui peut pousser un jeune adolescent à s’engager militairement dans un groupe terroriste armé ? Comment ses proches peuvent-ils réagir, après qu'assassiné au front, ils récupèrent son corps ? Tel est le propos du Soleil continuera de se Lever. Au tournant des années 2010, dans plusieurs pays du Levant, des groupes issus de l’organisation État Islamique s’emparent de centaines de villages. Les hommes sont enrôlés, de force ou de gré, tandis que les femmes, restées à l’arrière, subissent la répression qui se met en place. Des noyaux de pouvoir autoritaire – voire totalitaire – se développent dans ces lieux.

L’objet de la pièce est de montrer, à hauteur d'homme et de femme, les conséquences de tout cela. Sur scène, aucun soldat, pas de violence physique, mais la violence envers soi et les autres est constamment présente.

Membres de la troupe

Texte et mise en scène : Joe Melki
Assistant de mise en scène : Nicolas Chapuis
Avec : Laura Deligand, Lou Kerzreho, Alice Léger, Anne Mazliak, Adrien Rey, Leyth Saglio
Décors et scénographie : Joe Melki
Création lumière : Maëlle Salomon et Joe Melki

 


 

Quatre questions à Joe Melki

En 2019, vous avez reçu le prix Michel Chiha, prix organisé par la fondation éponyme, en partenariat avec L'Orient littéraire et le grand titre francophone du Liban, L'Orient-Le Jour. En quoi « Le Soleil continuera de se Lever » s'inscrit-il dans le prolongement du texte qui vous a valu cette reconnaissance ?
 
La thématique du concours en 2019 portait sur la confiance du citoyen dans les institutions de l’État. De fait, des institutions faibles ouvrent des interstices dans lesquelles des pouvoirs subversifs peuvent s’engager, et corrompre des personnes vulnérables, notamment les adolescents. Cette logique s’observe aussi en Occident, où des chocs biographiques dans la vie d’individus peuvent les engager sur une voie de radicalisation. Cependant, Le Soleil continuera de se Lever est davantage pensé comme l’examen du parcours de radicalisation d’un jeune homme particulier, ce n’est pas un mémoire de sociologie sur la question. Surtout, j’avais écrit la première version du Soleil en janvier 2019, soit un mois avant la tenue du prix Michel Chiha.

 

Vous abordez la question de la radicalité religieuse et de la violence à partir de l'histoire contemporaine du Moyen-Orient ? Diriez-vous que la pièce relève de l'universel ou plutôt d'un témoignage des impasses politiques et sociales d'une région du monde ?

Encore plus que de se focaliser sur une région dans son ensemble, c’est vraiment le parcours d’un individu particulier qui m’intéresse. Le Soleil continuera de se Lever est une pièce éminemment politique par son message, mais n’appartient pas à mon sens au genre du théâtre politique. La pièce se réfère dans sa conception à un cadre particulier – celui de l’État Islamique en Syrie – mais sans jamais le mentionner explicitement. Cette histoire aurait tout aussi bien pu se passer dans le cadre d’un groupe armé au Liban, certaines des milices libanaises héritées de la guerre civile ayant effectivement enrôlé de jeunes hommes pour combattre en Syrie.


 
Quelles suites imaginez-vous après cette résidence ? La pièce pourrait-elle être présentée à Beyrouth ?

Je doute que la pièce puisse être représentée à Beyrouth dans sa mise en scène actuelle, tant l’homosexualité de certains personnages est mise en avant. Le Liban est un pays formidable par ses contradictions générationnelles : je m’attends à ce que le public libanais en France, généralement jeune et étudiant, adhère fortement à la pièce – et beaucoup de Libanais à qui j’en ai parlé ont déjà exprimé un grand enthousiasme – mais il faut être réaliste : au Liban, elle serait censurée. Je prévois déjà cependant une prochaine pièce pensée comme une fresque politique et sociale des mouvements sociaux qui agitent le Liban depuis 2019 à l’ombre de la crise économique sans précédent que traverse le pays.

 

Il y a quelques mois, le journal Le Monde titrait « quand les anciens de Normale-Sup brûlent les planches », et vous nous avez confié que le théâtre et l'écriture occupaient une place singulière dans votre famille. Vous projetez-vous déjà dans cette voie ? Est-ce cette perspective qui vous a incité à rejoindre l'ENS ?

Je suis le premier fan de tout ce que l’esprit des élèves de cette École produit sur les planches de notre théâtre, et je sais déjà que certaines et certains finiront sur les plus grandes scènes de France. Pour ma part, je me dirige davantage vers une carrière diplomatique, mais le théâtre occupera toujours un place privilégiée dans mon quotidien. J’espère que cette création ne sera pas ma dernière, mais j’espère surtout, dans ma future vie professionnelle – qu’elle soit politique ou diplomatique – pouvoir insuffler des progrès qui rendent le théâtre encore plus ouvert et accessible au plus grand nombre. Si je suis né dans une famille avec plusieurs théâtreux, il n’y a surtout presque aucun théâtre que j’aime autant en France que le Théâtre National Populaire de Villeurbanne.

 

À propos du metteur en scène, Joe Melki

 

Étudiant en histoire et relations internationales, Joe Melki est né et a grandi à Beyrouth. Il a rejoint l'École normale supérieure en 2022, par la voie du concours B/L, après une classe préparatoire aux grandes écoles.

 

C'est très tôt qu'il a découvert et côtoyé le théâtre, les textes et les acteurs, guidé par un oncle écrivain de théâtre et une tante actrice, célèbre dans le monde arabe pour son rôle dans une adaptation de la pièce de Robert Thomas, "Huit Femmes".

 

La question de la radicalisation religieuse qui traverse Le Soleil continuera de se lever est directement nourrie de la situation géopolitique libanaise et du quotidien de son adolescence levantine.

 

Mis à jour le 24/3/2023