« Delta Charlie Delta »
La pièce de Michel Simonot pour la première fois au Théâtre Nicole Loraux
La troupe du Théâtre de la Lune présente « Delta Charlie Delta », une tragédie multiprimée de Michel Simonot.
« Delta Charlie Delta » retrace l’histoire tragique de trois enfants qui fuyaient la police, un soir d'octobre 2005 à Clichy-sous-Bois. Dans cette œuvre de mémoire d'un drame du début de ce siècle, Michel Simonot inscrit l'engrenage, la culpabilité individuelle et collective, dans une dimension humaine, éthique, politique, au-delà des faits et des mots entendus ou prononcés au tribunal.

Le 𝙏𝙝𝙚𝙖𝙩𝙧𝙚 𝙙𝙚 𝙡𝙖 𝙇𝙪𝙣𝙚 présente
Delta Charlie Delta - Une pièce de Michel Simonot (2016)
au Théâtre Nicole Loraux
Un soir d'octobre. Trois enfants courent parce que la police court derrière eux. Ils se réfugient dans un transformateur. Un policier voit, n'alerte pas. Deux enfants meurent. Un survit. Des semaines d'émeute s'ensuivent.
Dix ans plus tard, un tribunal reconstitue les faits - heures, minutes, secondes, voix enregistrées de la radio de la police. Dix ans plus tard, le survivant est encore et toujours celui qui porte dans sa peau les deux enfants morts, celui qui fait face à la police, celui que l'on a oublié. Comme une tragédie jamais achevée.
Au-delà des faits dans leur crudité, au-delà des mots entendus ou prononcés au tribunal, « Delta Charlie Delta » déploie, à travers une forme chorale, une force symbolique et inscrit l'engrenage, la culpabilité individuelle et collective, dans une dimension humaine, éthique, politique.
Mise en scène - Aleksander Kondak et Sarah Lutz
Dramaturgie : Raphaël Hauser
Avec - Lucas Gouvernal, Aleksander Kondak, Sarah Lutz, Daniel Ohara, Hannah Policar, Vitaline Roudil
Création lumière et régie - Eugénie Borenstein, avec l'aide de Eli Barthome et Léa Guyon
Durée : 1:45 heures
Trois questions à Aleksander Kondak
« Delta Charlie Delta » retrace une poursuite qui s'achève tragiquement par la mort de deux enfants. Pour vous qui avez juste vingt ans, que dit cette pièce du drame de Clichy-sous-Bois ?
Dans son texte, Michel Simonot revient au plus près de cette tragédie devenue trop vite fait divers et tente de la reconstituer, en donnant voix et vie aux enfants, mais aussi aux policiers lors du procès qui se déroule dix ans après et au seul survivant oublié. Plus qu’une chronique sur un drame et sur les semaines d’émeutes qui embrasèrent les banlieues françaises, le texte est une aventure poétique âpre. Il est fait d’échos et de fragments et, derrière les colères et les slogans déchainés, se donne pour mission d’explorer les derniers instants de ces enfants dans le transformateur, les mécanismes de la violence instituée et de la culpabilité chez les policiers, ainsi que le poids du souvenir et du témoignage impossible chez le survivant.
Quelle urgence à monter ce texte aujourd’hui ?
Dans notre petit noyau de première année voulant enfin se remettre au théâtre, monter cette pièce est apparue comme une nécessité. Non seulement dans la mesure où elle permet de mettre à l’honneur un texte du répertoire contemporain assez peu connu tout compte fait, mais surtout par sa force d’évocation, la brutalité de son écriture. Il nous a tant interpellé, sans doute parce qu’il pose encore des questions politiques qui dérangent en brisant le consensus policé d’un vivre-ensemble idéalisé. Il nous a tant touché, car au-delà du simple événement, il lui donne une épaisseur poétique qui lui confère ce statut de « tragédie jamais achevée » selon les mots de l’auteur.
Comment met-on en scène un texte aussi puissant ?
Ce qui nous a tant frappé à la lecture est devenu ainsi la ligne rouge de notre projet : rendre sensible cette oscillation entre la nature concrète, rude, impitoyable des scènes évoquées et la force incantatoire, douloureusement, cruellement sublime de cette écriture. Pour faire résonner un tel texte, il nous a semblé préférable de partir d’une scénographie sobre et dépouillée : plateau nu, quelques éléments de décor, des lampes de poche. La lumière marque les changements d’espaces, de temporalités qui s’entrecroisent. Le texte doit s’incarner, être travaillé corporellement, choralement : le chœur fait corps ; le texte est déflagration.
À propos d'Aleksander, co-metteur en scène du spectacle
Étudiant en première année au département de sciences de l’antiquité (DSA), lauréat du concours A/L, Aleksander a rejoint l’École après un baccalauréat spécialité théâtre à Strasbourg puis une classe préparatoire. Ce qui la conduit à l’ENS ? Sa passion : les liens entre interrogations contemporaines et textes de la tradition. Depuis son arrivée à l’École, celui qui hésita un temps entre Paris et Oxford pour ses études n’a ne cesse de tisser des ponts entre ses cours au DSA et les études théâtrales, comme ici, avec les représentations de « Delta Charlie Delta », version moderne des drames de la tragédie antique.
|
Mis à jour le 20/4/2023