Acquisition des archives de René Maublanc (1891-1960)

La Bibliothèque Ulm-SHS de l’ENS-PSL vient d’acquérir un riche fonds exceptionnel et inédit regroupant des archives et manuscrits du normalien René Maublanc (1891-1960).
Ces archives forment un ensemble original et rare, révélant un véritable témoignage historique et sociologique couvrant les événements majeurs de la première moitié du XXe siècle.
Autoportrait de René Maublanc
Autoportrait au crayon de René Maublanc, étudiant, vers 1910 © Maison de ventes Rouillac commissaires-priseurs, vente Fonds René Maublanc 28 septembre 2021.

Les archives et manuscrits de René Maublanc (1891-1960), retrouvés récemment dans son appartement rue Monsieur Le Prince à Paris, sont passés en vente publique le mardi 28 septembre 2021. Les enchères, organisées par la maison Rouillac, commissaires-priseurs, ont porté sur 16 000 pièces manuscrites dont un très grand nombre sont d’un intérêt majeur pour l’histoire de l’École normale, et l’histoire tout court : entré à l’École en 1911, philosophe humaniste, antifasciste, écrivain, René Maublanc a été au début de sa carrière professeur de philosophie (notamment à l’École alsacienne et au lycée Henry IV). Révoqué en 1942, il entre dans la résistance active, d’où il dirige la revue La pensée libre. A l’issue de la guerre, il jouera un rôle important dans la structuration du syndicalisme enseignant, travaillera aux côtés d’Henry Wallon, puis retournera à l’enseignement de la philosophie, tout en gardant la direction de la revue La Pensée.

Maison de ventes Rouillac commissaires-priseurs, vente Fonds René Maublanc 28 septembre 2021.
Croquis à l’encre par René Maublanc au cours dispensé par Victor Delbos, historien et théoricien de la science historique, à l’école normale supérieure en mars 1912 © Maison de ventes Rouillac commissaires-priseurs, vente Fonds René Maublanc 28 septembre

Grâce au soutien financier de la Fondation de l’ENS, la bibliothèque de l’École a pu acquérir un ensemble de 400 documents de la main de René Maublanc : dessins, gravures, écrits, billets, lettres, livres annotés, tracts, datant de sa période normalienne. Particulièrement représentatifs sont les portraits croqués à l’encre dans ses cahiers de cours (Célestin Bouglé, Victor Delbos, Lucien Lévy-Bruhl, Henri Bergson, Gaston Milhaud, Émile Durkheim, Henri Delacroix, Mademoiselle Daste, Jean Guéhenno, etc.) ; une correspondance rarissime adressée à René Maublanc de la part d’André Durkheim (1892-1915), son cothurne et ami ; mais aussi des photographies qu’il a faite de Célestin Bouglé ou de Lucien Herr, et la correspondance qu’il entretient avec Paul Dupuy après le départ de ce dernier en Suisse.

 

Carte d'identité René Maublanc
Carte d’étudiant de René Maublanc en classe de Première Supérieure ou Khâgne pour l’année 1910-1911 © Maison de ventes Rouillac commissaires-priseurs, vente Fonds René Maublanc 28 septembre 2021.

 

 

René Maublanc (1891-1960)

 

Le normalien et philosophe René Maublanc est né le 17 juillet 1891 à Nantes et mort le 20 janvier 1960 à Paris.

Fils d’un avocat selon le registre de naissance, devenu professeur de droit, et d’une propriétaire, René Maublanc dit avoir mené la vie d’un « membre de la moyenne bourgeoisie, républicaine et libérale ». Après des études dans sa ville natale, son baccalauréat passé à Rennes en 1908, il entra à l’École normale supérieure en 1911, obtint une licence ès lettres (Philosophie) en 1912, un diplôme d’études supérieures de philosophie (1913). D’abord influencé par le positivisme d’Auguste Comte puis par l’enseignement d’Émile Durkheim dont il avait été l’élève, il se passionna pour la sociologie, tout en étant attiré par les lettres et les arts.

Engagé au sein de la Ligue des droits de l'homme, il s'engagea dans le syndicalisme enseignant et prône l'affiliation à la CGT. Affecté à Reims en 1921, il reçoit l'année suivante une nouvelle sanction de la part de l'inspecteur d'académie pour activité syndicale. Il obtient cependant à cette date un poste de secrétaire-archiviste au Centre de documentation sociale de l'École normale supérieure où il valorise notamment le fonds des archives de Charles Fourier.

Il mène ensuite une carrière d’enseignant et de militant ; très actif dans le mouvement antifasciste dans les années 1930, il s’engage dans la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale et adhère au parti communiste. Après la Libération, tout en continuant sa carrière d’enseignant et son engagement au parti communiste, il participe à la rédaction de plusieurs revues, en particulier La Pensée et Europe.