Barbara Vinken

Ludwig-Maximilians-Universität München

Durant les mois de mars et avril 2017, le labex TransferS et Pierre-Marc de Biasi (ITEM) accueillent Barbara Vinken, professeur de littérature française et littérature comparée à la Ludwig-Maximilians-Universität München (Allemagne).

Crédits : Kurt Rade

Elle donnera notamment 4 conférences autour du thème : 
Flaubert, Trois contes et la laïcité


Samedi 11 mars 2017 - 10h00-12h30 - Salle des Actes (ENS, 45 rue d’Ulm)
Flaubert et Ovide : le mythe d’Arachné
Dans Madame Bovary, Flaubert réécrit la métamorphose d’Arachné. Dans quel but ? Le concours entre Minerve et Arachné se situe dans le contexte de la Gigantomachie, de la révolte des Géants, fils de la Terre, contre les dieux de l’Olympe. La représentation de cette guerre est liée au genre de l’encomium : l’art a pour but de louer les dieux pour leur victoire sur les Géants, laquelle restaure l’ordre cosmique hiérarchique. Or, c’est précisément ce que Minerve désirait de la tapisserie d’Arachné : qu’elle - et l’ordre cosmique - y soient loués. Mais Arachné, avec un art consommé du réalisme, met au contraire en scène les copulations des dieux, d’habitude fatales pour les mortelles : crimina celestis, signe non de l’ordre, mais du chaos. Qu’en est-il de l’Arachné de Flaubert ?


Vendredi 17 mars - 17h00-19h00 - Salle Celan (ENS, 45 rue d’Ulm)
I. La Laïcité : Une spécificité française ?
Texte et textile : Pour cerner la notion de la laïcité, la séparation entre religion et Etat, on se penchera sur un exemple actuel : la question du voile. Nous examinerons ensuite le roman Soumission de Michel Houllebecq qui décrit la fin de toute laïcité républicaine : l’avenir d’un empire islamique en France à l’instar de l’empire romain.

Mardi 21 mars 2017 - 13h30-15h30 - Salle de conférences (ENS, 46 rue d’Ulm / à confirmer)
II. Laïcité et littérature au 19ème siècle : Trois contes. La question du théologico-politique. Un cœur simple
On retournera pour ces trois sections au 19ème siècle - siècle ou le modèle de la laïcité se formera - pour revoir la question des Trois contes de Flaubert. Ils suivent un modèle éminemment religieux : la légende. Qu’en est-il de ces trois vies de saints ? Et de leur apothéose finale ? Quelle translatio du religieux au séculier ? La relation entre pouvoir et religion est au centre de ces trois contes. Flaubert y explore, pour parler avec Claude Lefort, la question du théologico-politique.
Le Cœur simple est situé dans le contemporain immédiat. Avec la notion “cœur simple” Flaubert nomme un mode de lecture, une herméneutique développée par St. Paul. Lamartine l’avait traduit dans un registre séculier. Le Cœur simple de Flaubert répond à la Geneviève de Lamartine. Tandis que le lecteur assiste avec Lamartine à un triomphe de Geneviève - à la fois nouvelle Marie et Christ dans un monde où il n’y a pas d’espace séculier - quelque chose dysfonctionne chez Flaubert avec la simplicité de Félicité et son fameux perroquet, adoré comme le Saint Esprit.

Jeudi 23 mars 2017 - 13h00-17h00 - Salle 236 (ENS, 29 rue d’Ulm / à confirmer)
III. Saint Julien l’hospitalier
Ce texte nous transporte au Moyen Age avec le genre approprié de la légende : La légende de St. Julien l’hospitalier. La question de l’apothéose finale se pose de façon encore plus aiguë pour Julien : à la place d’une spiritualité chaste, nous assistons à un mirage phallique on ne peut plus charnel. Déconstruction subtile de toute « sainteté ? »
IV. Hérodias
L’origine de la religion chrétienne et de l’institution de l’Église est au centre du troisième conte, Hérodias. Flaubert raconte cet événement central de l’histoire du salut sous un angle éminemment séculier, politique, romain : les conflits de pouvoir entre Rome et une Tétrarchie, dans le cadre de la colonisation romaine. Les luttes pour le pouvoir on ne peut plus terrestre démentent subtilement la promesse d’un empire qui ne serait pas de ce monde. 

 
 
Journée d’étude sur la mode
Lundi 20 mars 2017 - 9h00-13h00 - Salle Cavaillès (ENS, 45 rue d’Ulm / à confirmer)
I. Mode et modernité
Mode et modernité. Les deux semblent s’accorder spontanément. En réalité, non. La mode a été construite par les penseurs depuis le 18ème siècle comme l’Autre de la modernité, comme une colonie orientale au sein de l’Occident : un monde irrationnel, ruineux. La mode, c’est le fléau efféminé d’une société de consommation de masse. C’est une danse fétichiste autour de la griffe. C’est une culte - idolâtre, sous-entendu - du féminin. Aliénation y rime, nous répète-on, avec réification. Son auto-cannibalisme actuel n’est que le dernier stade d’une Totalverblendung. Au mieux, la mode, c’est un pis-aller. Nous discuterons ensemble les classiques : Mandeville, Rousseau, Leopardi, Freud, Simmel, Flügel, Veblen, Beauvoir, Bourdieu.
II. La mode, médium pour formuler une esthétique nouvelle
Heureusement qu’il y a les poètes. De Heinrich Heine à Charles Baudelaire, pour en arriver à Apollinaire, la mode devient le médium à travers lequel s’articule une esthétique de la modernité en rupture avec le classicisme : disjonction, clash, disharmonie, ironie. Textes de Heine, Baudelaire, Apollinaire, Barthes, Jelinek.
III. Mode et déconstruction

Analyser le vêtement comme s’il s’agissait d’un poème : tel sera l’enjeu de cette dernière séance. Qu’est-ce qui fait un classique ? Chanel et Dior seront au rendez-vous. Comme objet de lecture, nous nous pencherons sur des classiques plus récents : Comme des Garçons, la Maison Martin Margiela et Alexander McQueen.