« Breaking down the press », un cours en immersion dans la presse anglo-saxonne

Lecture critique, écriture journalistique et introduction aux médias - Master Class Littéraire # 2

Créé le
20 juin 2023
Explorer la presse anglo-saxonne sous toutes ses formes et dans toute sa diversité ? C’est ce que propose le cours « Breaking down the press: reading critically, news writing, discussing contemporary Anglophone media », proposé depuis deux ans par l’Espace des cultures et langues d’ailleurs (ECLA) de l’ENS-PSL.
Ce parcours, ponctué d’exercices d’observation et d’analyse, de temps de rédaction et de création, mais aussi de rencontres avec des professionnels du secteurs, permet aux étudiantes et étudiants de découvrir le monde de la presse anglo-saxonne sous plusieurs prismes : celui des médias, de l’actualité ou encore des métiers du journalisme.
Rencontre avec Dorothée Butigieg et Pierre-Yves Anglès, les deux enseignants à l’initiative de ce projet.
Presse anglo-saxonne

Dorothée Butigieg et Pierre-Yves Anglès, vous avez conçu et enseignez le cours Breaking Down the Press. En quoi consiste-t-il ?

Dorothée Butigieg : On peut dire que ce cours poursuit plusieurs objectifs concomitants, mais le principal est de familiariser les participantes et participants avec les médias britanniques et américains dans leur grande diversité  (information, investigation, opinion, culture, etc.) et sous leurs diverses formes, qu’il s’agisse de la presse écrite, web, de podcasts…

Au-delà de ce premier effort d’explicitation de ce que l’on entend par « la presse » ou « l’actualité », souvent en des termes très vagues, nous proposons aux étudiantes et étudiants des exercices d’analyse poussés, mais aussi des activités de rédaction et de création, bien loin du travail de traduction, de résumé ou de commentaire des classes préparatoires.

Pierre-Yves Anglès : Nous avons aussi souhaité mettre l’accent sur la carrière du journaliste : sa formation, son quotidien, sur le terrain ou derrière les dépêches d’agence de presse, les défis auxquels il doit faire face aussi. Nous avons d’ailleurs eu la chance de collaborer avec plusieurs professionnels, du Washington Post et du New York Times notamment. Cela a créé des échanges particulièrement dynamiques, souvent nourris par des anecdotes marquantes.

S’intéresser aux médias et à l’actualité nous permet enfin de proposer une introduction aux institutions et à la vie politique britannique et américaine, un socle de culture générale essentiel pour suivre l’actualité de ces pays.    


À qui ce cours est-il destiné ?

Dorothée Butigieg : Initialement, ce cours a surtout été imaginé pour les étudiants de la mineure politiques publiques de l’ENS-PSL, voire pour celles et ceux qui voudraient passer des concours administratifs de la fonction publique, mais il attire aussi de nombreux étudiants et étudiantes des départements scientifiques. La variété des sujets et des exercices permet de mieux concilier des objectifs et des profils très divers. La familiarisation avec la presse et ses exigences est de toute façon essentielle dans de nombreux cadres, de la médiation scientifique aux activités éditoriales ou d’influence.


Qu’est-ce que ce cours propose d’apporter aux étudiantes et étudiants ?

Pierre-Yves Anglès : Nous couvrons un large spectre d’exercices et de connaissances et chacun peut se saisir de certains aspects plutôt que d’autres, selon ses intérêts et ses projets. Nous proposons des bases en culture générale, sur les principaux médias britanniques et américains ou les institutions, mais aussi un approfondissement méthodologique sur l’écriture journalistique ainsi que les outils et le vocabulaire de l’analyse d’articles. L’observation est souvent suivie d’une phase de production et d’imitation. Les participants sont particulièrement doués et inventifs quand il s’agit de rédiger un article de tabloïd sur le sujet de leur choix ou encore de produire un cartoon à l’humour cinglant.

Dorothée Butigieg : De manière générale, la combinaison des activités de ce cours permet d’entamer une approche plus critique et active des médias, de l’écriture d’un article aux grands enjeux de la presse contemporaine dont il est toujours question en toile de fond, le tout en anglais bien évidemment, puisque l’objectif premier demeure la pratique de la langue. Il est donc aussi question de position de l’accent tonique et de pièges grammaticaux !

Vous invitez régulièrement des professionnels en tant qu’intervenants. Qui sont-ils ?

Pierre-Yves Anglès : Nous avons reçu trois professionnels dans ce cours et nous leur sommes particulièrement reconnaissants de leur temps et de leur générosité. Nous voulions des journalistes ayant touché à plusieurs genres d’articles, parfois dans le même média (Washington Post, New York Times), mais aussi à l’internationale (Allemagne, États-Unis, France, Royaume-Uni, Sénégal). Un journaliste plus spécialisé dans la culture nous a également proposé une intervention passionnante sur l’exercice de l’interview et sa préparation exigeante.   


Quel bilan pouvez-vous faire et quelles sont les perspectives pour la suite ?

Dorothée Butigieg : Ce cours n’a que deux ans et les retours des étudiants et étudiantes qui l’ont suivi l’an dernier nous ont déjà permis de l’améliorer. Nous constatons que travailler avec un groupe réduit et sans ordinateurs dans la salle favorise beaucoup les discussions et les interactions. Le cours est plus dynamique quand les ordinateurs sont rangés. Nous mettons aussi de plus en plus l’accent sur les quiz, pour coller à l’actualité. L’idéal serait qu’il y ait encore plus d’intervenants professionnels, mais les agendas de nos journalistes partenaires sont très contraints et ils sont tous bénévoles.


Quels sont, selon vous, les principaux défis contemporains de la presse ?

Pierre-Yves Anglès : Impossible de tous les citer, mais l’un des sujets centraux est évidemment le numérique. Avant même le « deepfake », il y a déjà tous les débats autour des fake news, surtout depuis le Brexit (2016) et l’élection de Donald Trump (2017), et sur la vocation du journaliste, sa méthodologie et le devenir de son « industrie » dès lors que chacun peut s’exprimer sur Internet. Sans parler de la propriété des médias, il y a aussi des enjeux économiques de tout premier ordre : l’explosion du digital et de l’info en continue tout comme l’émergence de nouveaux formats journalistiques (newsletters ou « feed »), tous liés aux enjeux d’économie de l’attention et à l’intégration aux réseaux sociaux (tandis qu’ils amenuisent notre temps de lecture et de concentration). C’est un défi pour l’écriture et la place de la narration est intéressante dans ce contexte, du Nouveau journalisme américain des années 1960 aux podcasts devenus omniprésents. La construction d’un récit facilite t-elle la communication d’informations complexes ?

Dorothée Butigieg, vous êtes enseignante d’anglais et coach d’une équipe de debating. Pierre-Yves Anglès, vous préparez une thèse sur les révoltes et contre-cultures des années 1960 en France et aux États-Unis. Pourquoi cette passion commune pour le monde anglo-saxon ?

Pierre-Yves Anglès : Les cultures anglo-saxonnes ont beaucoup marqué mon adolescence, dans un milieu qui n’était pas du tout international. Il me semble que la littérature et le cinéma américains, plus particulièrement, influencent beaucoup et de manière largement inconsciente nos rapports affectifs et esthétiques à la jeunesse, à la quête de soi et à une forme d’émancipation. Les États-Unis ont façonné certains des aspects les plus sophistiqués de l’aliénation, mais aussi des œuvres et des courants culturels parmi les plus libérateurs, les plus idéalistes et les plus jubilatoires. Je suis allé étudier ces thématiques outre-Atlantique et outre-Manche où j’ai eu la chance de faire de nombreux voyages, des rencontres et autant de nouvelles découvertes. C’est comme ça, je crois, que l’on se lie à une aire culturelle si éloignée de ses origines.     

Dorothée Butigieg : J’aime passionnément toutes les facettes de mon métier, et pourtant je ne peux pas dire que je l’ai vraiment choisi. Une série de hasards m’a menée à l’enseignement, qui n’a fait que renforcer un amour de la langue anglaise déjà bien ancré et m’a fait découvrir les joies de la transmission. Je suis particulièrement attachée à la Grande-Bretagne, et j’essaie de faire découvrir à mes étudiantes et étudiants les trésors de ce pays qu’ils pensent connaître, et qui est pourtant bien plus dépaysant qu’il n’y paraît.

Le cours « Breaking down the press: reading critically, news writing, discussing contemporary Anglophone media »

 

Destiné principalement aux étudiants et étudiantes du parcours politiques publiques, mais ouvert à l’ensemble de la communauté étudiante de l’ENS-PSL, ce cours propose une introduction à la presse anglo-saxonne, imprimée et digitale, à travers l’étude des types de journalisme, du fonctionnement des grands médias et des agences de presse, mais aussi de quelques-uns des grands défis contemporains pour les médias : digitalisation et économie de l’attention, information en continue, complotisme ou fake news....

 

La participation régulière de professionnels du secteur permet de s’intéresser au métier et à la carrière de journaliste. L’écriture journalistique est étudiée dans une double perspective de pratique professionnelle et d’analyse de genre.
Parmi la grande variété de sujets évoqués dans la presse et dans les corpus d’articles utilisés à chaque séance, une attention particulière est également portée à la politique internationale ainsi qu’aux institutions britanniques et américaines.
 

Ce cours est aussi l’occasion d’étendre vocabulaire et d’approfondir ses connaissances sur le journalisme et le monde anglo-saxon, tout en développant des habitudes de lecture, y compris dans la perspective de présenter des concours administratifs et d’acquérir des réflexes méthodologiques et critiques précieux dans de nombreux secteurs d’activité, du travail d’archives au conseil en affaires publiques.