Caroline Rossi-Gendron reçoit un Prix de la Chancellerie

Sa thèse sur les Origamis d'ADN dynamiques récompensée

Félicitations à Caroline Rossi-Gendron, alumna de l’ENS-PSL, scientifique et professeure de physique-chimie, qui obtient l’un des Prix sciences de la Chancellerie des universités de Paris. Rencontre avec cette lauréate passionnée.
Caroline Rossi-Gendron
Caroline Rossi-Gendron lors de la remise des Prix de la Chancellerie © Rectorat de Paris, Sylvain Lhermie

En décembre, Caroline Rossi-Gendron s’est vue remettre l’un des Prix sciences de la Chancellerie 2019, qui récompense sa thèse de chimie à l’ENS-PSL portant sur les Origamis d'ADN dynamiques comme machines supramoléculaires isothermes.

 

Des machines conçues en ADN qui permettent d'envisager des applications en médecine et en nano-robotique

Lors de son doctorat (Ecole Doctorale 388 Chimie Physique et Chimie Analytique de Paris Centre), elle a ainsi travaillé sur des objets fabriqués en ADN qui ont une taille d’environ 1/10000e de diamètre de cheveu. « Ces objets sont invisibles à l’œil nu et sont le fruit de l’assemblage de près de 200 molécules d’ADN les unes avec les autres, de façon contrôlée, à la manière d’un tissu : un fil au-dessus, un fil en dessous… » schématise la chercheuse.
Le but de la thèse de Caroline Rossi-Gendron ? Transformer ces objets immobiles en machines microscopiques dites « moléculaires » en les faisant bouger avec un signal extérieur, à la manière d’une télécommande. Pour cela, elle a développé un processus, basé sur l’utilisation d’une molécule développée au préalable par l’équipe de recherche du professeur Damien Baigl à l’ENS-PSL (son directeur de thèse), afin de rendre ces objets dynamiques et pilotables par la lumière.
Du fait de leur composition en ADN, ces objets sont intrinsèquement biocompatibles1 (même s’il n’y a pas de certitude qu’ils puissent subsister in vivo), et de par leur petite taille, on peut imaginer qu’ils puissent avoir une action sur des choses minuscules, comme des cellules ou des virus, par exemple. Pour la scientifique, prudente, « On peut ainsi envisager des applications en médecine, mais également en nano-robotique. Mes recherches se situent cependant à un stade très fondamental, et il nous est impossible à l’heure actuelle de dire si elles auront effectivement des applications, et si oui, dans quel domaine précisément. »

 

L’importance de transmettre et de susciter des vocations

Recevoir un Prix de la Chancellerie permet de donner de la visibilité à ses recherches et de les faire connaitre au grand public, ce qui est essentiel aux yeux de Caroline Rossi-Gendron. « Une telle reconnaissance est également un grand honneur personnel » ajoute-t-elle.
Et si elle n’a pas encore d’idée définitive quant à l’utilisation de ce prix, elle envisage d’organiser des ateliers de chimie avec des enfants : « c’est primordial qu’ils/elles découvrent la beauté et l’excitation des sciences dès le plus jeune âge. » Un projet qui reflète sa volonté de susciter des vocations.
Elle souhaite aussi pouvoir se participer régulièrement à des congrès scientifiques et ce prix va lui permettre de financer les inévitables frais de transport ou de logement. « Je pourrai garder mes connaissances à jour pour continuer à transmettre la physique et la chimie modernes à mes étudiant.e.s. »

Mais la recherche et l’enseignement n’ont pas toujours été une évidence pour la scientifique : « c’est tout au long de mon parcours scolaire que mes ambitions se sont structurées jusqu’à se focaliser sur l’envie de transmettre un savoir aux jeunes générations. Mon amour pour la chimie, découvert lorsque j’étais en CPGE, m’a permis de définir clairement mon projet professionnel. » explique-t-elle avec passion.
Elle a donc orienté l’ensemble de ses études supérieures dans le but de devenir professeure de chimie, ce qu’elle est aujourd’hui. Au département de chimie de l’ENS elle a suivi une formation disciplinaire de haut niveau et préparer l’agrégation. Un choix qu’elle ne regrette pas : « les nombreux stages de recherche effectués tout au long des trois années à l’ENS-PSL m’ont fait découvrir l’immense plaisir de travailler sur un sujet inconnu et de repousser les limites de la connaissance. Ce qui m’a poussée à faire à poursuivre en thèse, alors que mon projet initial consistait à enseigner dès l’obtention de l’agrégation. Ce fut l’une des meilleures décisions de ma vie. »

Soucieuse d’encourager les futurs chercheurs, Caroline Rossi-Gendron leur conseille avant tout de garder les yeux ouverts : « les découvertes les plus importantes de ma thèse ont été faites en sortant des conventions établies dans mon domaine de recherche, mais également par sérendipité. Si quelque chose vous paraît intéressant, mais que personne ne l’a jamais exploré parce qu’ « on a toujours fait comme ça et ça marche, pourquoi le faire autrement ? », alors tentez le coup. Gardez aussi les yeux ouverts aux opportunités qui se présentent à vous. Parfois, sortir de sa zone de confort peut mener à des chemins inattendus. N’hésitez donc pas à postuler pour cette grosse conférence où « vous n’avez aucune chance d’être pris.e » ou pour cette bourse que vous n’avez « aucune chance d’avoir »,  ou encore d’aller parler à ce.tte directeur.rice de recherche qui est « trop haut placé.e pour s’intéresser à vous ». Bref, osez, vous n’avez rien à perdre et tout à gagner. Bon courage ! »

1Qui n’interfèrent pas, ne dégradent pas le milieu biologique dans lequel ils sont utilisés.

 

 

A écouter : Un épisode du podcast Hey Sisters consacré à Caroline Rossi-Gendron

 

À propos des Prix de la Chancellerie
Chaque année depuis trente ans, la chancellerie des universités de Paris remet ses Prix à une cinquantaine de lauréats distingués pour l’excellence de leur thèse. Des chercheuses et des chercheurs qui ont fait progresser leur discipline dans tous les champs : la médecine, les sciences, le droit et les sciences politiques, la pharmacie, les sciences économiques et de gestion, les lettres et les sciences humaines.
Cette année, 53 prix de thèse sont décernés à des étudiants français ou internationaux ayant soutenu une thèse au cours de l’année civile 2018 dans une université de la région académique d’Île-de-France, à l’École des hautes études en sciences sociales, à l’École pratique des hautes études, à l’Institut national des langues et civilisations orientales, à l’École nationale des chartes, à l’Institut d’études politiques ou au Muséum national d’Histoire naturelle.