Découvrez les Savoirs de l’Ecole - Sur les infox

Des podcasts, vidéos et ouvrages pour explorer le monde de chez soi

Découvrez cinq podcasts audio et vidéo sélectionnés parmi 15 ans d'archives de l'ENS-PSL, complétés par un ouvrage des éditions Rue d'Ulm . Des savoirs à découvrir, redécouvrir et partager pour continuer de s’ouvrir au monde.
Image created by Redgirl Lee. Submitted for United Nations Global Call Out To Creatives - help stop the spread of COVID-19.
Contre les mythes. Image créée par Redgirl Lee pour l'Appel mondial aux créateurs lancé par les Nations Unies dans la lutte contre la propagation du COVID-19 / unitednations.talenthouse.com

À la Une cette semaine :  les infox

« Les chances qu’a la vérité de fait de survivre à l’assaut du pouvoir sont effectivement très minces : elle est toujours en danger d’être mise hors du monde, par des manœuvres, non seulement pour un temps, mais, virtuellement, pour toujours. » (p. 294) ; et « qu’est-ce qui empêche ces histoires, images et non-faits nouveaux de devenir un substitut adéquat de la réalité et de la factualité ? » (Hanna Arendt, « Vérité et politique » p. 323)

Sommes-nous définitivement entrés dans une nouvelle ère d’indifférence à la vérité ? Qu’est-ce que la post-vérité, une ère où les faits importent moins que les croyances personnelles, celle de l’écaillement du "vrai"?

Analysons le registre lexical de cette nouvelle ère, que signifient complotisme, production d’ignorance et fausses nouvelles ?

Quel a été le rôle politique des fausses nouvelles pendant la Révolution française ? 

Aviez-vous repéré les rumeurs qui parsèment l’œuvre de Jules Verne ?

Enfin, comment le web, après avoir été perçu comme un espace d’émancipation politique, est aujourd’hui considéré comme l’instrument d’une dégradation dangereuse de la vie publique ?

Ces 5 podcasts en libre écoute, proposés par les Savoirs ENS, et l'ouvrage des Éditions rue d’Ulm proposé sur cette page, sont des pistes de réflexions dans une période propice aux rumeurs et aux fausses informations.

Les podcasts Savoirs.ens

La « post-vérité » est un terme forgé par Steve Tesich dans un article paru en 1992 dans le magazine américain The Nation et démocratisé en 2004 par le livre L’ère de la post-vérité de Ralph Keyes. Ce n’est que récemment que le concept a été repris un peu partout, au point d’ailleurs où le dictionnaire britannique Oxford a jugé, en 2016, que le mot « post-vérité » était le mot de l’année. La définition qu’il en donne est la suivante : « circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d’influence pour modeler l’opinion publique que les appels à l’émotion et aux opinions personnelles. » La post-vérité ce n’est pas le mensonge, ni la dissimulation mais plutôt l’indifférence totale au vrai. Le philosophe Mathias Girel propose une réflexion philosophique autour des thèmes de cette nouvelle ère de la vérité : le complotisme, la production d’ignorance et les fausses nouvelles.

Exposé donné le 12 janvier 2018 dans le cadre de la Journée Bram 2018 (17ème journée de Conférences en Histoire des Sciences et Epistémologie).

 

Le Post-truth a été désigné comme mot de l’année 2016 par le Oxford Dictionaries, dans le contexte politique international marqué par le Brexit et l’élection de Donald Trump. Dans une société où les moyens de véhiculer l’information ont vu leurs performances décuplées par les avancées technologiques, facilitant grandement l’accès à la connaissance, il paraîtrait sensé d’imaginer des individus mieux renseignés, avec une vision des choses bien plus globale. Pourtant, si ce n’est d’abord pas toujours le cas, il se trouve que les idées et faits diffusés sur certaines plateformes et par certaines personnes sont distants de la vérité, de ce qui est fondé, justifié ou vérifiable. Cette nouvelle ère, paradoxale et sans-nul-doute problématique, est celle de la post-vérité, une ère où les faits importent moins que les croyances personnelles. Une analyse de ce phénomène par Jean-Claude Monod (professeur attaché au département de philosophie de l’ENS-PSL), Lise Hobeika (Département d’Études Cognitives (DEC) de l’ENS-PSl) et Léonard Dupont (Élève au département de Biologie de l’ENS-PSL).

Séance donnée le 23 février 2017 dans le cadre du Séminaire interdisciplinaire Actualité Critique. 

 

Guillaume Mazeau , maître de conférences en histoire moderne , montre ici que comme d’autres crises politiques, la Révolution française est un bon point d’observation pour comprendre le statut des rumeurs, ainsi que leur rôle dans le fonctionnement des relations sociales ou du débat public. Se présentant comme les « fils des Lumières », les patriotes de la fin du XVIIIe siècle sont, a priori, les ennemis par excellence des rumeurs, dénoncées comme les filles des superstitions, les armes du despotisme ou des accélérateurs d’émotions et de violences populaires. Appuyés sur la raison sensible et l’éducation, les révolutionnaires entendent ainsi régénérer l’« esprit public ». Pourtant, ils se trouvent eux-mêmes pris dans des contradictions : au moins depuis l’été 1788, la révolution à laquelle ils participent a considérablement aggravé la situation de l’Ancien Régime. Rarement le statut du « fait », de la vérité et de la qualité de l’information aura été autant contesté. Les rumeurs deviennent donc un des problèmes politiques les plus récurrents du processus révolutionnaire et engagent, dans tous les domaines, politiques, sociaux, artistiques ou journalistiques, un combat de représentations pour définir la crise en cours.

Conférence donnée le 6 juin 2019 dans le cadre du colloque international "Infox, post-vérité, rumeurs : quels problèmes, quelles réponses ?", réalisé dans le cadre du projet exploratoire Propublics soutenu par l’IDEX PSL (ANR-10-IDEX-0001-02) dirigé par Mathias Girel (UMS3610/USR3608, ENS), Daniel Cefaï (CEMS, EHESS), Emmanuel Henry (Université Paris-Dauphine, CNRS, UMR IRISSO), Nathalie Jas (INRA, RiTME).

 

Les romans de Jules Verne sont riches en rumeurs, souvent spatialisées. Une analyse rapide proposée par des étudiants du CERES (Centre de formation sur l’environnement et la société) lors du séminaire « Rumeurs et fake news en environnement » donne un aperçu de la mise en scène de ces rumeurs dans cinq œuvres : 20 000 lieues sous les mers (1870), Une ville flottante (1871), Les Indes noires (1877), Sens dessus dessous (1889) et Le château des Carpathes (1892).
Les cinq romans de Jules Verne étudiés ici sous l’angle des rumeurs montrent bien comment chaque rumeur naît dans des conditions plus ou moins propices : des lieux déjà riches de légendes, de fantasmes et/ou des habitants y adhérant facilement. On voit bien ensuite à quel point certains personnages ou groupes peuvent jouer un rôle central dans la diffusion et la remobilisation de rumeurs alors que d’autres sont plus sceptiques. Aller vérifier la « véracité » de la rumeur nécessite souvent de se déplacer pour les héros courageux : prendre la mer, se rapprocher du château, descendre et parcourir des mines… Un fait, scientifique ou non, viendra enfin clore la rumeur, ce qui pourra terminer le roman, le relancer ou, presque, le commencer.

Séance donnée le 28 mars 2018 avec les étudiants: Brulé Kopp Léila, Colonna Massimo, Friaud Rodrigue, Luiselli Juliette, Mouet Valentin, Nadal Morgane, Snape Marine, Trannoy Matthias, Vallé Clément et Vincent Lisa.

 

Après avoir été perçu comme un espace d’émancipation politique, le web est aujourd’hui considéré comme l’instrument d’une dégradation dangereuse de la vie publique. Les débats actuels sur les « fake news », les campagnes de harcèlement de personnalités, l’enfermement dans des bulles informationnelles ou la polarisation de l’espace public sont devenus des préoccupations majeures. A partir de travaux menés sur la situation des médias numériques aux États-Unis et en France, le sociologue Dominique Cardon s’attache à cartographier l’architecture nouvelle de l’écosystème informationnel.

Conférence donnée le 6 juin 2019 dans le cadre du colloque international "Infox, post-vérité, rumeurs : quels problèmes, quelles réponses ?" réalisé dans le cadre du projet exploratoire Propublics soutenu par l’IDEX PSL (ANR-10-IDEX-0001-02) dirigé par Mathias Girel (UMS3610/USR3608, ENS), Daniel Cefaï (CEMS, EHESS), Emmanuel Henry (Université Paris-Dauphine, CNRS, UMR IRISSO), Nathalie Jas (INRA, RiTME).

 

L'ouvrage des Éditions Rue d'Ulm

La confiance à l'ère numérique
Milad Doueihi (dir.)
Jacopo Domenicucci (dir.)
2018

Résumé
Blockchain, anonymat en ligne, fake news, données personnelles, cloud-computing, surveillance de masse, fiabilité des dispositifs, cyber-sécurité, etc. Ces outils, ces promesses, ces préoccupations ont quelque chose en commun : ils interpellent la confiance.
Voici le premier volume en français dédié au devenir de la confiance à l’ère numérique.
C’est la tentative d’organiser une réflexion entre l’éthique, la philosophie de la technique, les digital studies et la philosophie sociale. Que devient la confiance en ligne ? À quelles conditions peut-on faire confiance à un dispositif numérique ? Comment les relations de confiance évoluent-elles à l’ère numérique ?

L’ouvrage est coédité par les éditions Berger-Levrault et les Éditions Rue d’Ulm, sous la direction de Milad Doueihi et Jacopo Domenicucci. Préface de Pierre-Marie Lehucher.