Des étudiants à la COP 27

Une facette du séminaire Négociations climatiques, géopolitique du climat et COP

Créé le
25 octobre 2022
La COP27 se tiendra du 7 au 18 novembre 2022 à Sharm el-Cheikh, en Égypte. L'ENS qui fait partie du cercle étroit des établissements d'enseignement supérieur français accrédités COP y enverra une délégation étudiante de 8 membres. Une immersion unique dans le monde extrêmement complexe des négociations climatiques, mêlant notamment des enjeux environnementaux, économiques et géopolitiques. À la veille du départ, ils et elles confient leurs motivations, leurs engagements et aussi leurs attentes.
 L'équipe d'étudiants et détudiantes de la COP 27 . De gauche à droite : Thibaud Schlesinger, Rémy Giacobbo, Zoé Brioude, Alice Munoz-Guipouy, Adrien Fauste-Gay, Elsa Bouly et Naama Drahy
L'équipe d'étudiants et détudiantes de la COP 27 . De gauche à droite : Thibaud Schlesinger, Rémy Giacobbo, Zoé Brioude, Alice Munoz-Guipouy, Adrien Fauste-Gay, Elsa Bouly et Naama Drahy

 

Chaque année, une dizaine d’étudiants de l’ENS inscrits au séminaire géopolitique du climat du CERES se glissent dans les salles des Nations Unies à l'occasion de la COP. En 2022, c'est au tour d'Elsa, Thibaud, Adrien, Naama, Zoé, Rémy et Alice de vivre l’aventure COP27.
 

Observer de l'intérieur

Pendant les deux semaines de la COP 27, les normaliens pourront observer ce qu’il se passe réellement derrière les portes des salles de négociations multilatérales. Avancée des débats ou état des rapports de puissance, être au cœur même du forum planétaire sur le climat est une expérience inouïe. Sans participer aux débats, les étudiantes et les étudiants pourront échanger avec tous les représentants de la société civile et approfondir leur analyse de ce qui se joue dans ces négociations. « C’est une opportunité unique d’observer in situ la complexité du processus, ses freins et ses leviers, ses confrontations d’acteurs, peut-être même ses secrets… », explique Alice, étudiante en géographie et politiques publiques
 
Chaque membre du groupe abordera le forum international au prisme de sa discipline et de ses engagements. Enjeux climatiques, transports, arts ou encore géopolitique du Moyen-Orient : « nous allons à la COP pour étudier une problématique qu'il nous semble important de mettre en lumière », précise Zoé. Étudiante au département Arts de l'École, elle représentera aussi l’association Art of Change 21. Depuis 2014, cette association relie l’art contemporain et les grands enjeux environnementaux, et défend le rôle des artistes et de la créativité dans la transition écologique.

Observer, mais aussi contribuer à la compréhension de la COP en informant les autres étudiants, notamment à l'ENS, mais pas uniquement. « Nous serons les yeux et les oreilles de notre communauté, afin de leur rapporter nos observations et de leur donner à voir les dessous de cet événement », explique Alice.

À chacun son aventure COP

Pour les normaliens, s'engager à la COP c'est aussi tenter de faire bouger les choses de l'intérieur. Comme le souligne Adrien, « C'est le sommet de négociation climatique le plus important ; il porte la plus grande partie des espoirs de résoudre le problème climatique ». « La présence de délégations étudiantes dans ce genre d'événements est cruciale pour porter les voix de la jeunesse à qui appartient finalement le monde de demain », ajoute Naama, étudiante en chimie à l'ENS.

Pour d'autres comme Rémy qui « apprécie la compagnie d'une question à laquelle il n'a pas (encore) de réponse », la COP sera un terrain d'enquête. Le scepticisme de la population envers les COP est-il justifié ? C'est avec cette question qu'il fera le voyage de Sharm el Cheikh.

D'ailleurs le fait que l'édition 2022 se tienne en Afrique n'a laissé personne indifférent. Au-delà des images de carte postale que proposeront les médias, tous comme l'explique Elsa, étudiante en sciences politiques, « trouvent important de pouvoir relayer les enjeux des pays en développement, surtout dans un contexte de forte incertitude énergétique, où chacun risque de se replier sur soi ».

D'ailleurs, le groupe a travaillé à limiter l'empreinte carbone de cette grande expédition. Le périple commencera gare de Lyon, direction Naples en train, avant de se poursuivre en avion. Le voyage en voilier vers les rivages de la mer rouge qu'ils avaient imaginé sera pour une prochaine fois. Déjà, cet aménagement des moyens de transport, couplé à un choix d'hébergement collectif, allège déjà de 30 % l'impact carbone de l'expédition.

Revue des attentes

À la veille du départ, et après un été où chacun a éprouvé les effets du réchauffement, certains comme Elsa « espèrent que les États sauront dépasser leurs contentieux et prendre des engagements ambitieux ». Espoirs teintés de lucidité pour Zoé qui n'est pas du tout certaine que « les sécheresses estivales suffisent à convaincre que la crise climatique est une urgence de premier plan nécessitant une refonte complète de nos modes de vie ».

D'autres, à l'image de Naama, appellent de leurs vœux l'adoption « d'accords contraignants, avec des mécanismes coercitifs ou des sanctions pour les pays qui ne respectent pas leurs engagements ». Même si comme le confie Thibaud, qui espère se tromper, « les choses semblent avoir trop peu avancé depuis la COP26 pour espérer de nouvelles décisions réellement significatives ».

Pour toutes et tous, l'expérience à venir nourrira bien sûr des projets personnels et professionnels. Qu'il s'agisse d'enrichir un mémoire de master, de confirmer un projet de thèse ou d'affirmer un choix d'orientation vers les carrières diplomatiques : l'aventure COP27 est une pierre décisive dans un parcours de formation autant qu'une aventure collective.

À propos de leur engagement

 Je m’intéresse aux inégalités socio-professionnelles face au changement climatique.

Elsa Bouly

À propos de vous

« Issue d’une prépa littéraire en lettres classiques, je me suis réorientée vers les sciences sociales une fois à l’ENS. Je suis actuellement en deuxième année de master à Sciences Po Paris en Science Politique - Relations Internationales, avec une attention plus particulière aux enjeux concernant les mondes russes et post-soviétiques. Sur les enjeux environnementaux plus spécifiquement, je m’intéresse aux inégalités socio-professionnelles face au changement climatique, et à la question de la convergence entre lutte sociale et lutte environnementale.»

Un message à transmettre aux autres étudiants ?

« Je suis contente de voir de plus en plus d’étudiants s’engager pour l’environnement, et je ne peux qu’inciter tous ceux que cela intéresse à mieux comprendre comment fonctionne le régime international de gouvernance du changement climatique »

 

 Mes centres d’intérêts principaux sont les impacts environnementaux liés aux activités militaires ainsi que la transition écologique dans le secteur des transports.

Thibaud Schlesinger
 

À propos de vous

«  Après une licence d’économie et une licence de géographie à Paris et des échanges universitaires pendant six mois à Istanbul et un an Melbourne, j’ai intégré le département Géographie et Territoires de l’ENS. Les deux années passées, j’ai réalisé un double master en politiques urbaines, entre Paris et Londres. Aujourd’hui étudiant dans le Master 2 Humanités de PSL en parallèle de ma troisième année à l’ENS, mes centres d’intérêts principaux sont les impacts environnementaux liés aux activités militaires ainsi que la transition écologique dans le secteur des transports. »

Un message à transmettre aux autres étudiants ?

« On voit dans la communauté étudiante que les sujets environnementaux occupent une place prépondérante dans les préoccupations et les engagements. Cela donne de l’espoir pour l’avenir, si l’on continue de se mobiliser ensemble.»

 

 Je m'engage de plus en plus contre le réchauffement climatique.

Adrien Fauste-Gay

À propos de vous

 « J'ai eu la chance d'étudier au département de physique de l’École normale supérieure en 2019. Je me suis spécialisé en biophysique et analyse des systèmes complexes. Je souhaite devenir chercheur. À côté de cela, je suis trompettiste dans l'Ernestophone et je m'engage de plus en plus contre le réchauffement climatique.»

Un message à transmettre aux autres étudiants ?

« J'invite toutes celles et ceux qui refusent de rester les bras croisés et d'assister impuissant au saccage de la planète à s'engager. De plus en plus d'associations aux méthodes diverses apparaissent. Choisissez la vôtre et battez-vous ! »

 

 En entrant à l'ENS en 2019, les enjeux de la question climatique se sont formalisés et sont devenus davantage une conviction politique.

Naama Drahy

À propos de vous

« À l'ENS, j'étudie au Département de Chimie, je souhaite poursuivre en thèse de biochimie l'année prochaine. En entrant à l'ENS en 2019, les enjeux de la question climatique se sont formalisés et sont devenus davantage une conviction politique. Je me suis donc investie dans le département du CERES, en suivant des cours, en partant en stage au Mexique dans la conservation d'écosystèmes et désormais en m'engageant dans le projet COP27.»

Un message à transmettre aux autres étudiants ?

 « Je pense qu'un engagement individuel, quel que soit la forme qu'il prendrait, devrait être naturel lorsque l'on possède le privilège d'avoir les moyens et le temps de le faire »

 

 Je mets en scène des pièces explorant la place du théâtre dans l'action écologique et féministe

Zoé Brioude

À propos de vous

« Je suis en quatrième année au département Arts de l'ENS et mets en scène des pièces explorant la place du théâtre dans l'action écologique et féministe. J'aime l'incertitude et je rêve d'ouvrir un lieu de création responsable..»

Un message à transmettre aux autres étudiants ?

« Je crois que tout le monde connaît le problème. Il faut maintenant s'en convaincre malgré l'absence de danger immédiat perceptible au quotidien et adapter ses modes de vie et de consommation radicalement »

 

 Je me suis engagé de manière bénévole en tant que secrétaire de la revue Perspectives Libres

Rémy Giacobbo

À propos de vous

« En parallèle de mes études au sein du Master Humanités de l’ENS, je me suis engagé de manière bénévole en tant que secrétaire de la revue Perspectives Libres. Il s’agit d’une revue trimestrielle d’analyse géopolitique et d’histoire des idées ayant pour but de recueillir la parole d’universitaires français et étrangers, de jeunes auteurs ou encore d’acteurs de terrain.»

Un message à transmettre aux autres étudiants ?

« Je les invite seulement à s'informer sur ces sujets-là car un homme conscient des fragilités du monde qui l'entoure est un homme résilient. Je ne leur dirai qu'une chose en guise de résumé : l'hiver vient. Ils comprendront. »

 

 Notre choix de carrière est sans doute le plus grand acte écologique dont nous sommes capables

Alice Guipouy-Munoz

À propos de vous

« Je suis étudiante à l’ENS en Géographie et politiques publiques, avec la mineure environnement, depuis 2019. Je réalise un Master d’Affaires publiques, spécialité Énergie et environnement, à Sciences Po, et j’espère ainsi pouvoir intégrer la fonction publique afin de participer à son nécessaire changement de paradigme. Les négociations climatiques telles qu’elles vont se concrétiser à la COP m’intéressent sur plusieurs volets en particulier : la géopolitique de l’énergie, la diplomatie climatique, la question des pertes et préjudices, ainsi que les conséquences des grands accords issus des COP pour le contentieux climatique, à l’échelle nationale.»

Un message à transmettre aux autres étudiants ?

«  En tant qu’étudiants privilégiés de grandes écoles, nous avons le luxe de choisir notre métier et de pouvoir y donner un sens environnemental. Si nous ne prenons pas cette voie, qui le fera ? Notre choix de carrière est sans doute le plus grand acte écologique dont nous sommes capables. »