Des étudiants à la Space Health Week

Une semaine de découvertes et d’échanges autour de la santé dans l’espace pour les étudiants du programme Médecine-Sciences

Chaque année, l'Agence Spatiale Européenne (ASE) organise la Space Health Week au centre d'entrainement des Astronautes (EAC) à Cologne en Allemagne. Lors de cette semaine, étudiants et futurs médecins sont invités à découvrir la médecine de l’espace. Grâce à un partenariat établi depuis deux ans entre l’université PSL et l’ESA, les étudiants du programme Médecine-Sciences de l’ENS ont l’opportunité d’y participer. Madjda Djelloul et Lucien Vanpoperinghe reviennent sur cette semaine unique et sur leur parcours de formation.
Space Health Week
À g. Madjda Djelloul au poste de commande des dispositifs médicaux de la station spatiale internationale / À d. Lucien Vanpoperinghe dans le véhicule de ravitaillement de la station spatiale internationale

La santé dans l’espace : de nouveaux défis pour la recherche médicale

Conférences ultraspécialisées, rencontres avec des professionnels comme l’astronaute Matthias Maurer, découverte d’équipements de haut niveau technologique dont une chambre hypobare1, autrefois utilisée comme sous-marin expérimental, réplique du module Colombus de la Station Spatiale Internationale où les astronautes s’entrainent… Du 20 au 23 janvier 2020, trois étudiants du programme Médecine-Sciences de l’ENS-PSL, dont Madjda Djelloul et Lucien Vanpoperinghe, ont découvert les coulisses de l’Agence Spatiale Européenne et un domaine d’étude de pointe de la médecine : la santé dans l’espace.
« J’ai toujours été curieuse du monde de l’espace et de ce qu’il a à offrir aux sciences » explique Madjda Djelloul à propos de sa participation à la Space Health Week. « Pouvoir assister à cet événement, c’est l’opportunité d’être pleinement immergée dans cette atmosphère de recherche particulière et d’apprendre en quoi consiste le travail d’un médecin de l’espace, les défis auxquels il peut être confronté dans son exercice pratique… Et même si à l’heure actuelle, je n’envisage pas de carrière dans ce secteur, cette semaine m’a enrichie aussi bien du point de vue humain que scientifique. »
« Nous avons aussi pu découvrir un domaine des sciences et de la médecine qui nous étaient jusqu’ici totalement étrangers » rajoute Lucien Vanpoperinghe. « Au vu du développement des programmes de l’aventure spatiale, il est très intéressant d’en comprendre les enjeux médicaux et biologiques ».

Les deux étudiants ont été particulièrement intéressés par l’étude de mécanismes biologiques humains pourtant bien connus, qui, conduite dans des conditions de micropesanteur, amène une compréhension plus fine de ces phénomènes. « Cette semaine passée à l’Agence Spatiale Européenne m’a fait réaliser qu’il y a encore énormément de défis à relever dans la recherche médicale : la perte musculaire ou la modification de la répartition sanguine dans l’organisme lorsqu’il est soumis à une pesanteur très faible sont par exemple des enjeux primordiaux. »
Pour l’étudiant, si aucun vol habité n’a dépassé l’orbite basse de la Terre depuis les années 1970, le tourisme spatial est à l’aube d’un développement fulgurant. À cela s’ajoutent de nombreux projets naissants autour de la planète Mars, grâce à de plus en plus de moyens financiers et humains injectés. « La médecine aura donc de nombreux défis à relever en lien avec ces différents projets. Cela pourrait aussi apporter de nombreuses opportunités d’expérience aux chercheurs qui sont actuellement très limités dans l’utilisation de la micropesanteur de la station internationale spatiale (ISS). », conclut-il.

 

Un cursus d’excellence pour former les médecins-chercheurs de demain

Étudiants en 3e année de médecine, Lucien et Madjda ont rejoint en parallèle il a quelques mois le programme Médecines-Sciences de l’ENS-PSL, un cursus mixte médical et scientifique de très haut niveau, incluant une initiation précoce à la recherche, dans le but de former des médecins-chercheurs, à la pointe des avancées biomédicales de demain. « Ce partenariat avec l’ASE, qui nous a permis de participer à la Space Health Week, est un bel exemple de ce que propose le programme Médecine-Sciences de l’ENS. » Les étudiants ont en effet pu découvrir des recherches inédites et incroyablement prometteuses pour l’avenir de la science et plus particulièrement de la médecine.

Tous deux effectuent une première année de Master2 au département de biologie de l’Ecole normale. Madjda envisage de poursuivre sa formation scientifique avec un M2 en immunologie avant d’entamer son externat de médecine et de se lancer dans une thèse de sciences.
Lucien va quant à lui consacrer ses deux prochaines années à la recherche, grâce à une césure pendant ses études de médecine. Et tout comme sa camarade, il songe fortement à réaliser une thèse pendant une nouvelle césure durant son internat de médecine.

Pour Madjda, choisir ce parcours Médecine-Sciences était pour elle une évidence : « j’ai toujours voulu faire de la recherche, mon orientation s’est donc construite autour de ce projet. En terminale je pensais plutôt intégrer une CPGE, mais en apprenant l’existence de ce double cursus qui permet à un certain nombre d’étudiants en médecine de parfaire leur formation scientifique en les introduisant très tôt à la recherche, mon choix a été beaucoup plus facile. »
Elle apprécie avant tout la diversité et la complémentarité de ce programme centré sur la recherche, qui lui apporte des connaissances théoriques et fondamentales en sciences de la santé, quand la médecine se concentre sur une approche beaucoup plus appliquée, avec une dimension humaine accrue. « Mais le gros plus de l’ENS réside dans la possibilité d’accéder aux enseignements dispensés dans tous les autres départements et ainsi de s’ouvrir aussi bien à la philosophie, qu’à l’histoire ou aux langues étrangères. On est alors libre d’élaborer le programme d‘études le plus personnalisé possible. »
C’est aussi cette interdisciplinarité propre à ce programme qui a convaincu Lucien d’intégrer Médecine-Sciences. En poursuivant son cursus de médecine, il ne voulait pas s’éloigner des matières fondamentales qui n’y sont plus enseignées. Selon lui, « la collaboration entre les médecins et les chercheurs est primordiale pour l’avancée de ces deux domaines. »

À ceux qui souhaiteraient s’orienter vers des études de médecine, et plus particulièrement dans le programme Médecine-Sciences de l’ENS-PSL, Madja leur conseille avant tout de se poser les bonnes questions : pourquoi la recherche ? Pourquoi la recherche et la médecine ? Pourquoi à l’ENS ? Quand ? Comment ?  « Cela peut paraître trivial et pourtant il est essentiel de se questionner réellement sur ce que l’on veut afin d’être sûr d’où l’on va et de ce à quoi on s’engage. »
Et pour les deux étudiants, il est aussi essentiel de se lancer pleinement dans ces études, sans avoir peur d’y consacrer le temps qu’elles nécessitent : « si une personne est passionnée par les sciences et veut continuer d’explorer ces domaines, le programme Médecine- Sciences est une chance extraordinaire. C'est l'opportunité de devenir à la fois médecin et chercheur qui sont deux métiers passionnants et complémentaires. C'est beaucoup de travail mais aussi surtout beaucoup de plaisir. » témoigne Lucien avec enthousiasme.

1La chambre hypobare est un simulateur d’altitude utilisé lors de l’entraînement des astronautes.

2 Les cours sont puisés dans l’offre du Master Sciences du  vivant  impliquant  8  établissements  de  PSL  (ENS, ESPCI Paris, École Pratique des Hautes Études, MINES ParisTech,  Collège  de  France,  Institut  Curie,  Insti-tut  Pasteur,  Institut  de  Biologie  Physico-Chimique). Ils s’articulent autour des parcours suivants : biologie des systèmes, génomiques et bio-informatique, neurosciences, biologie fondamentale pour la santé, écologie et évolution.