« La judiciarisation des débats scientifiques à des fins d’intimidation est inacceptable. »

Réaction de l’ENS-PSL au dépôt de plainte de l'IHU de Marseille contre deux scientifiques

Devant l’intensité et la confusion accrue des débats publics impliquant les sciences, et faisant partie des institutions garantes de la qualité du débat scientifique, l’ENS-PSL tient à formuler les rappels généraux ci-après.

Fronton de l'Ecole normale supérieure

L’IHU de Marseille, dirigé par le professeur Didier Raoult, a annoncé avoir déposé une plainte contre Elisabeth Bik et notre collègue Boris Barbour (membre de l’IBENS), après que la première a publié plusieurs critiques d’articles de l'IHU sur le site Internet indépendant PubPeer, dont Boris Barbour est coadministrateur. Il s’agit clairement d’une tentative de judiciarisation du débat scientifique à des fins d’intimidation qui est inacceptable.

Devant l’intensité et la confusion accrue des débats publics impliquant les sciences, et faisant partie des institutions garantes de la qualité du débat scientifique, l’ENS-PSL tient à formuler les rappels généraux ci-après :

  • Le débat entre pairs, plutôt qu’au prétoire, est le fondement de la vérité scientifique et les institutions qui le protègent (établissements, organismes publics, revues ou sociétés savantes) en sont garantes.
     
  • La critique publique et ouverte des arguments de tel ou tel travail de recherche et de l’intégrité scientifique qui peut parfois être vive, doit se faire de la même façon entre pairs, et suit des règles propres que chacune et chacun doit respecter.
     
  • Si les comportements personnels des chercheurs les uns à l’égard des autres relèvent du droit général, comme ceux de tout un chacun, et non de la science, la confusion des ordres – entre poursuites judiciaires et conflits scientifiques – nuit à tous, à la recherche de manière générale, et à la confiance qui lui est faite.

 

L’ENS-PSL appelle à la distinction de ces ordres et au respect par tous des règles rappelées ci-dessus.

 

 

Paris, le 1er juin 2021