Les paysages sonores dans l’éducation

Une année avec le projet Pepason

Quelle pourrait être la place des paysages sonores dans l’éducation ? Arthur Enguehard, normalien en géosciences, a profité d’une année de césure pour éprouver le concept de PePaSon (Pédagogies des paysages sonores). Rentré en mars dernier de Guyane, il revient sur cette expérience aux antipodes.
Arthur Enguehard
Arthur avec une classe de CM1 à l’école de Balata Ouest

Partisan d’une approche participative, critique et populaire, Arthur a multiplié les activités de médiation afin de sensibiliser des publics différents aux paysages sonores. Des adultes à l’occasion de la journée mondiale des zones humides (accompagnement à l’écoute d’un marais en bordure de Cayenne) ou des enfants (comme avec une classe de CM1 à Balata Ouest), Arthur a su susciter intérêt et curiosité. Un des moments phares de cette année ? Son intervention au cœur du volet pédagogique du projet TRAMES

S’approprier la ville grâce aux paysages sonores

Dans quelle mesure les paysages sonores peuvent-ils nous aider à envisager notre ville de demain ? Une question à laquelle Arthur a tenté de répondre en prenant part au projet TRAMES (Territoires Réseaux Aménagements Milieux Environnements Sociétés) de l’association Kwata. Ce programme sensibilise les habitants aux milieux naturels, leur permet de s’en approprier les enjeux et offre aussi un soutien et un accompagnement à l’aménagement local.

C’est dans ce cadre qu’Arthur est intervenu afin de sensibiliser les collégiens de la presqu’île de Cayenne sur la nature en ville et l’importance des interactions entre urbanisme, nature et bien-être des populations… Un travail de réflexion autour d’une question « quelle pourrait être ma ville, Cayenne, demain ? », mené main dans la main avec les professeurs d’un établissement scolaire pilote (le collège Eugène Nonnon) et construit à partir d’une série d’ateliers de médiation organisés selon une pédagogie de projet. Les collégiens ont ainsi pu aussi évoluer sur le terrain à la découverte des sons qui les entourent, réalisant leurs propres enregistrements, les comparer, les étudier... et rêver. Une manière originale de réfléchir aux questions d’aménagement de la ville qui a séduit les enseignants.

Ces ateliers devaient donner lieu à une restitution sous forme d’exposition en mai ou juin prochain. La crise du Covid-19 n’aura pas permis de le faire cette année. Cependant, l’équipe envisage de la reprogrammer en octobre prochain à l’occasion de « Fête de la nature 2020 ».

Avant cela, Arthur élaborera une carte des paysages sonores enregistrés par les collégiens afin qu’ils puissent réécouter leur travail de chez eux et que cet outil pédagogique puisse servir de ressource aux enseignants.

À écouter et à découvrir : la carte interactive des paysages sonores

Un outil pédagogique ludique et créatif

Rentré en métropole en mars dernier, Arthur a profité du confinement pour mettre la dernière main à un jeu de société : « Mon paysage sonore ». Après plusieurs versions, testées et approuvées par les enfants mais aussi par leurs professeurs et leurs amis, le jeu est enfin disponible au téléchargement gratuitement. Le pari ? Un voyage sonore à travers le littoral franco-amazonien. Une première.

À la fois jeu et outil pédagogique, il permet de se questionner sur nos environnements acoustiques et l’importance du son dans nos vies quotidiennes. Accessibles à tous les âges, les dessins, les sons et les questions, permettent d’ouvrir le débat et de réfléchir sur nos environnements. Et suivant le conseil d’Arthur : « Laissez parler votre curiosité ! Il n'est pas nécessaire de suivre les règles pour s'amuser : écouter la playlist est déjà un voyage. Jouer avec les cartes en est un autre. »

Téléchargement et règles du jeu.

Vers un projet entrepreneurial ? 

Une deuxième année blanche attend Arthur en 2020-2021. En effet, il souhaite poursuivre les projets commencés mais écourtés prématurément par la crise sanitaire.

L’étudiant prépare cette nouvelle année avec plusieurs idées en tête. En complément de l’association MEAnDRES qui soutient déjà Pepason, l’idée de créer sa propre association fait son chemin. « Le village pédagogique », un incubateur dédié aux projets éducatifs, pourrait voir le jour. Il serait voué à encourager et soutenir l'engagement éducatif et l'innovation pédagogique des jeunes et des étudiants.

Arthur profitera aussi de cette année pour travailler à l’édition de son jeu, pourquoi pas dans version professionnelle, afin de stimuler la communauté des "audio-naturalistes". Autre idée : réaliser des versions dédiées aux régions métropolitaine puis à d'autres coins du monde ? Un beau projet pour lequel Arthur est déjà en quête de mécènes. Et quand il réfléchit à la suite, il se projette volontiers dans l’aventure entrepreneuriale : « pourquoi pas en 4ème année à l’ENS, dans le cadre d’un programme « PEPITE ou avec le CRI (Centre de Recherche Interdisciplinaire de Paris) ? »

2 questions à Arthur :

• Son moment le plus fort en Guyane ? Une sortie audio. « Une nuit passée sur le Savane-roche Virginie en pleine forêt et un levé de soleil incroyable. »

• Rencontres les plus décisives ? Fanny Gras et Mathilde Armand. La première très ancrée dans la vie associative à Cayenne, « a été d’une grande aide dans la structuration de mes idées et de mes activités. » La deuxième, animatrice pour l’association Kwata « m'a fait 100% confiance dès le départ et permis de me lancer lors de ce projet "Ma ville de demain" » Deux très belles collaborations !