Les Savoirs de l'École - La démocratie

Une collection de podcasts, vidéos et ouvrages pour explorer le monde de chez soi

Ce mois-ci dans la collection « Les Savoirs de l’École », cinq conférences sur le thème de la démocratie, disponibles à la réécoute, sélectionnées parmi le fonds documentaire unique des SAVOIRS-ENS.
Oraison funèbre de Périclès. © Philipp Foltz, Wikimedia commons
Oraison funèbre de Périclès. © Philipp von Foltz, Wikimedia commons

À la Une ce mois-ci : la démocratie

Comment penser les relations entre démocratie et universel ? Est-ce que l’expansion de ce que nous pouvons nommer "démocratie" est favorisée ou, au contraire entravée par l’idée que ce régime est universel ?
Quel est le paradoxe de la démocratie dans son souci d’égalité et de vérité ?
En quoi les inégalités impactent-elles l’évolution de nos démocraties ?
Quelle différence fait-on entre « démocratie » et « république » ?
Ou encore, quelles sont les tensions existantes entre élection et démocratie dans une philosophie de l’histoire dominée par deux pôles historiques et extrêmes, la révolution et la catastrophe ?

À l’aube des élections présidentielles françaises d'avril 2022, et alors qu'une étude, publiée le 9 février par « The Economist »  pointe le recul de la démocratie dans le monde, les SAVOIRS-ENS proposent de (ré)écouter cinq conférences ouvrant des pistes de réflexion philosophique sur le thème de la « démocratie ».

 

Les conférences Savoirs-ENS

Écoutez la conférence - La démocratie et l'universel

Est-ce que l’expansion de ce que nous pouvons nommer "démocratie" est favorisée ou au contraire entravée par l’idée que ce régime est universel ? C’est à cette question que s‘efforce de répondre Florent Guénard (Maître de conférences au département de philosophie de l’ENS), en examinant d’abord les arguments qui défendent l’universalisme démocratique, puis ceux qui permettent d’établir une position relativiste, que celle-ci soit modérée ou radicale. Il évalue ces arguments, en essayant d’en montrer les limites internes, afin de déterminer le cadre conceptuel au sein duquel nous pouvons aujourd’hui penser les relations entre la démocratie et l’universel — et l’importance qu’il peut y avoir à le faire.
Conférence donnée le 19 mars 2018 dans le cadre des Lundis de la Philosophie 2017-2018.

Écoutez la conférence - Démocratie et vérité

Une conception ancienne de la démocratie affirme que la valeur de ce régime tient non seulement à ce qu’il donne à tous les citoyens la possibilité de participer à la prise de décision collective mais aussi à ce qu’il tend à produire de bonnes décisions, informées par les savoirs et compétences dispersés au sein du peuple. Une critique récurrente suggère toutefois que cette conception de la démocratie est incohérente. S’il est de bonnes et de mauvaises décisions, et que les croyances des citoyens à propos de leur valeur relative sont en conséquence susceptibles de vérité ou de fausseté, comment justifier que l’on traite les opinions individuelles de façon égale, par exemple en leur attribuant le même poids dans le vote à la majorité ou en leur reconnaissant le même droit de se faire entendre dans la délibération publique ? Celui qui admet qu’il est des vérités pertinentes pour la décision politique devrait plutôt accepter de voir le pouvoir confié à ceux qui, au sein du peuple, sont les mieux placés pour les identifier. Il faudrait en conséquence soit renoncer à la démocratie, en confiant le pouvoir de gouverner aux plus compétents, soit renoncer à la vérité, en réduisant la démocratie à sa composante égalitaire et en l’ancrant dans une épistémologie relativiste. Charles Girard (ancien élève de l’ENS, docteur en philosophie) propose d’expliquer et de de défaire ce régime paradoxal de la démocratie.
Conférence donnée le 24 avril 2017 dans le cadre du séminaire Les Lundis de la Philosophie sur le thème "démocratie et vérité".

Écoutez la conférence - Dérèglement démocratique et domination

Patrick Savidan, professeur en science politique à l'Université Paris II Panthéon-Assas, revient sur le système démocratique et ses failles dans le monde (France et États-Unis notamment). Il analyse le sujet d'un point de vue politique, mais aussi économique et social. Pour expliquer le renforcement des inégalités et l'augmentation de la pauvreté et de la précarité, il est fréquent d'invoquer, outre des facteurs d'ordre strictement économique, le poids de l'individualisme et des égoïsmes, le renforcement des oligarchies fondé sur le pouvoir des élites économiques, administratives et politiques. Mais le problème se pose-t-il bien en ces termes ? N'avons-nous pas plutôt affaire à une difficulté autrement plus redoutable, tenant à un conflit de plus en plus marqué entre des formes distinctes de solidarité qui ouvre sur une sorte de démocratisation du sentiment et des aspirations oligarchiques ?
Conférence donnée le 27 mars 2017 dans la série « Philosophie politique » dans le cadre des Lundis de la Philosophie de l'ENS.

Écoutez la conférence - République et démocratie post-électorale

L’historien Pierre Rosanvallon propose un éclairage historique sur les rapports entre les notions de « démocratie » et  de « république », suivi d’une réflexion autour de la dimension de démocratie représentative, de la confiance liant les gouvernants et les gouvernés, et de la légitimité des décisions prises par ceux qui ont le pouvoir.
Conférence donnée le 24 novembre 2016 lors de l'inauguration du Centre européen d’études républicaines (CÈDRE) à l’ENS-PSL.

Écoutez la conférence - Élections et démocratie entre révolution et catastrophe

Le philosophe Frédéric Worms, professeur d'histoire de philosophie moderne et contemporaine à l’ENS, propose de s'interroger sur la tension théorique et historique existant entre les élections et la démocratie, deux pôles extrêmes, deux manières de "penser la démocratie". Il s'agira d'analyser cette tension à travers la philosophie de l'histoire et notamment de quelle façon elle est prise entre la "révolution" et la "catastrophe", deux événements déterminants dans l'histoire de la démocratie.
Conférence donnée le 26 mars 2012 dans le cadre de la journée "Le sens d'une élection", rencontre et débat, organisée par le Département de philosophie de l’ENS-PSL.

 

L'ouvrage des éditions Rue d'Ulm

Voter autrement
Jean-François Laslier
Collection du CEPREMAP n° 51
Editions rue d’Ulm, 2019

Résumé
La démocratie n’est plus une évidence. Ses dysfonctionnements remettent en cause son principe (le pouvoir du peuple) ou l'idée dérivée de représentation.
Ce livre montre pourquoi et comment il est possible d’améliorer le fonctionnement de notre démocratie sur, au moins, un point spécifique : la technique de vote. L’élection au suffrage universel est un moment crucial pour la démocratie, or il existe des manières différentes de voter, qui portent des symboliques différentes et qui ont des conséquences différentes. Demande-t-on à l’électeur derrière quel candidat il se range, ou bien lui demande-t-on son avis sur chacun ? Favorise-t-on les candidats consensuels ou exclusifs ? Encourage-t-on le regroupement ou l’émiettement des partis ?
En s’interrogeant sur ce que pourrait être notre démocratie, ce livre nous parle aussi de ce qu’elle est actuellement, de ses petits défauts comme de ses failles plus profondes. Il apporte un éclairage original sur un objet du débat citoyen, et constitue une source d’information et de réflexion pour toute personne intéressée par l’art difficile de la décision collective.