Trajectoire d’alumna : la science de la médecine

Créé le
14 juin 2022
Entre recherche fondamentale et pratique clinique de la médecine, Élise Bandet (Sciences, 2016) a longuement cherché sa voie. Le parcours « Médecine/Sciences » de l’ENS-PSL lui a permis de combiner les deux. Elle raconte cette approche singulière.
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« Il y a une blague très connue dans notre milieu : comment fait-on la différence entre un étudiant en médecine et un autre étudiant ? On leur demande d'apprendre l'annuaire téléphonique. L’étudiant demande pourquoi et le futur médecin demande pour quand ? », s’amuse Elise Bandet.

La normalienne a la double casquette puisqu’avec le parcours « Médecine/Sciences », elle a navigué entre ces deux voies. « J’ai découvert la possibilité d’étudier à l’École Normale supérieure lors d’une présentation à l’université Paris-Descartes. Issue d’une famille de médecins, j’hésitais depuis longtemps entre médecine et biologie fondamentale. » Rassurée dans son choix après la Journée Porte Ouverte de l’ENS-PSL, elle intègre l’École sur concours. La première année qu’elle y a suivie était aménagée afin de suivre en parallèle la 3e année de médecine et le cursus de sciences de l’École. « La journée, j’étais en cours à l’ENS et le soir, je rattrapais, en vitesse 1,5, les cours universitaires de médecine mis en ligne que j’avais manqué, raconte-t-elle. Entre la troisième et la quatrième année de médecine, j'ai pris une année off pour faire le master 2 de l’ENS. »

La cristallisation d’une vocation

Pour Elise Bandet, les deux approches, recherche et pratique, sont très différentes. « En première année de médecine, il faut apprendre des modèles clairs qui représentent la meilleure compréhension qu'on a actuellement du fonctionnement du corps humain, quitte à absorber des notions incorrectes. Il y a une telle masse de connaissances à mémoriser que parfois, il ne faut pas réfléchir. À l’ENS, la démarche est opposée : l’esprit est davantage d’interroger les vérités en établissant des hypothèses. » Elise Bandet a fait ensuite six mois de stage à l’Institut Imagine, rattaché à l'hôpital Necker et axé sur les maladies génétiques des adultes et des enfants, puis un externat au sein de l’AP-HP. « Cela a été un moment vraiment enrichissant pour moi. Il a cristallisé ma vocation d’être médecin et chercheuse, raconte-t-elle. Les gens y étaient très encadrants, avec une approche qui était à la fois clinique et biologique, ce qui me convenait parfaitement. »

Forte tension à l’hôpital

Aujourd’hui, elle est interne à l’hôpital Cochin. « La responsabilité n’est plus du tout la même. Désormais, je prends soin de mes propres patients. » Elle déplore les conditions de travail fortement dégradées, encore aggravées par la crise du Covid-19, alors que la situation était déjà très précaire. « Dans notre service, nous n’avons pas assez d'infirmières et d’infirmiers. La semaine dernière, pendant une demi-journée, par exemple, il n'y avait qu'une seule infirmière pour douze lits. Pour un pays riche comme la France, ce n’est pas acceptable. » Elise pointe également du doigt l’importance prise par les tâches administratives : « Je peux passer deux ou trois heures par jour, à remplir des formulaires, des bons de transport ou des ordonnances d'exceptions pour certains médicaments. Du fait du manque de personnel, les deux problèmes se cumulent : je vais souvent perdre une demi-heure au téléphone à essayer de récupérer un examen complémentaire ou un compte rendu d'imagerie, car les secrétaires sont débordées. Au lieu d’apprendre, les étudiants en médecine se retrouvent de fait à effectuer des tâches de secrétariat que personne d'autre n’a le temps de faire. » Peu optimiste quant à l’évolution de cette situation, la normalienne souhaiterait à l’avenir partager son temps entre la médecine et la recherche : « En restant au courant des dernières avancées, je pourrais essayer de faire profiter à mes patients des essais cliniques. »