Une normalienne au Louvre
	
			
            Rencontre avec Marguerite Leroy (A/L, 2019)
      
		
		
	
			Que sont-ils devenus ? À travers cette nouvelle série de portraits, partez à la rencontre d’alumni.
Pour ce premier épisode, rendez-vous au musée du Louvre - non pour visiter l’impressionnante collection de l’institution, mais pour y rejoindre Marguerite Leroy. Une fois n’est pas coutume, l’occasion n’appelle pas à une visite de l’impressionnante collection de l’institution mais à la rencontre de Marguerite Leroy. Normalienne (A/L 2019), elle est passée de la rue d’Ulm à l’un des musées les plus prestigieux du monde. Touche par touche, elle nous dévoile son parcours. 
 
Un parcours entre anglais et histoire de l’art
La voie qu’a suivie Marguerite Leroy est tissée en filigrane par deux fils conducteurs qui se mêlent et s’entremêlent : l’anglais et l’histoire de l’art. En terminale « L » au lycée Henri IV, malgré une hésitation avec une double licence en droit et histoire de l’art, elle candidate afin d’intégrer la CPGE hypokhâgne et khâgne du même établissement. Si elle n’a « pas tout de suite été une bonne élève, ayant mis du temps à comprendre la méthode et les réflexes préparationnaires », elle apprécie rapidement l’aspect « très poussé » de la formation. En deuxième année, elle se spécialise en anglais, khûbe (troisième année de classe préparatoire pour les élèves n’ayant pas été admis et qui repassent le concours, ndlr) puis est reçue à l’ENS Ulm, Cachan (désormais École normale supérieure Paris-Saclay, ndlr) et à HEC. Son choix se porte sur Normale Sup, notamment dans l’idée à l’époque de faire de la recherche en anglais. Le goût pour l’histoire de l’art ne la quitte toutefois pas.
Elle pense un temps s’inscrire en licence d’histoire de l’art à son entrée rue d’Ulm mais, éprouvée par ses trois années de prépa, Marguerite commence toutefois par un master d’anglais sous la direction d’Agnès Derail. Sa curiosité étant déjà attisée par le collectionnisme américain, elle étudie alors la correspondance d’Ezra Pound, un poète, musicien et critique américain, et de John Quinn, un avocat d’affaires américain et protecteur d’artistes.
Son master achevé, elle se tourne résolument vers l’histoire de l’art : elle ne souhaite pas passer l’agrégation d’anglais et a nourri sa soif d’histoire de l’art en parallèle de son master d’anglais en suivant un cours de Nadeije Laneyrie-Dagen sur les arts classiques d’Afrique en 2019-2020, ainsi qu’un cours de Charlotte Guichard sur les cultures visuelles des Lumières.
C’est donc en master d’histoire de l’art à Paris I Panthéon-Sorbonne que Marguerite continue son chemin : elle rédige alors un mémoire sur John Quinn sous la direction de Sophie Cras. Elle s’intéresse à ses relations avec les marchands d’art français et les stratégies d’achat, de correspondance et les photographies comme moyens d’échange transatlantique. Marguerite précise que ce n’est pas par les œuvres qu’elle est venue à l’histoire de l’art « mais par l’historiographie ». C’est en effet le « maillage social dans lequel elles s’insèrent » qui l’intéresse. Cela passe par le travail dans les archives qu’elle perçoit « comme une enquête ».
De la thèse au Louvre
Après un double diplôme Paris I/Columbia, Marguerite a commencé en septembre 2024 une thèse sur l’exposition des artistes africains à Londres entre 1937 et 1995. Elle s’est lancée dans ce travail plus pour « l’aventure intellectuelle » que pour s’orienter ensuite vers l’enseignement et la recherche, « ne pensant pas avoir l’âme d’un professeur ». Elle a ajouté une corde à son arc en janvier dernier en commençant un poste de conseillère en charge des discours et de la coordination de la programmation scientifique au Musée du Louvre, prestigieuse institution réunissant plus de 2300 agents. Malgré de « l’appréhension » au début, elle est « très heureuse de [s]’être autorisée à candidater à ce poste », y ayant effectué un stage sous la direction de Barthélémy Glama quelques années auparavant. Pour elle, « l’ENS est une école qui permet de construire des parcours divers, on arrive dans des endroits où on n’aurait jamais cru pouvoir être cinq ans en arrière ». Elle conseille d’ailleurs aux élèves qui souhaiteraient suivre ses traces de prendre autant de cours d’histoire de l’art que possible, mais aussi de monter des conférences et des séminaires d’élèves.
En quoi consiste son poste au Louvre ? Marguerite est chargée de rédiger les prises de parole et discours de la présidente-directrice Laurence des Cars. C’est un travail collectif : elle échange notamment avec les personnes qui formulent des demandes de préface puis fait valider ses propositions par ses collaborateurs. Le deuxième volet de son poste consiste à programmer les conférences et débats de l’Auditorium du Louvre ainsi que des formats spécifiques comme les Midis de l’archéologie. Elle apprécie beaucoup cette opportunité qui lui a été offerte de travailler dans cette « grande maison », notamment car « l’histoire de l’art n’y est pas envisagée comme un objet purement intellectuel mais aussi comme quelque chose qui se transmet, concret et physique ».
Son quotidien étant très chargé, elle travaille sur sa thèse le weekend, consciente que celle-ci lui prendra sûrement plus de temps.
Dans le futur, Marguerite Leroy espère pouvoir passer le concours de conservateur de l’Institut National du Patrimoine : le métier comporte en effet « un aspect recherche ainsi qu’un aspect transmission » qui l’intéressent beaucoup. S’ils sont souvent perçus comme des « lieux clos où le savoir est défini, les musées doivent au contraire être des lieux de questionnements, ouverts sur le monde ».
Avant de quitter son bureau du Pavillon Mollien, on ne résiste pas à lui poser la question : quel est son tableau préféré au Louvre ? C’est en réalité une galerie sur le point de rouvrir ses portes qui a retenu son attention : celle des cinq continents, anciennement Pavillon des sessions. Celle-ci consistera en une mise en regard des collections du Louvre et du quai Branly-Jacques Chirac. Comme un clin d’œil au séminaire d’élèves qu’elle avait organisé à l’ENS, dont l’objet était la réception des Arts d’Afrique en Europe et la manière dont les œuvres étaient exposées dans le Pavillon des Sessions et au musée du quai Branly-Jacques Chirac. 
 
