Actualité Critique : La Démocratie
Séminaire pluridisciplinaire
Un séminaire commun à toutes les disciplines de l’ENS, qui sont mobilisées autour de questions partagées, définies et discutées collectivement. C’est un moment de rencontre sur l’actualité ouvert à tous, consacré à ce qui se produit en France, en Europe et dans le monde, et qui d’une manière ou d’une autre s’impose à tous les esprits comme d’une importance critique.
PROCHAINE séance publique
14 avril 2022 : « Gauche-droite : retour ou fin du clivage ? »
Depuis la Révolution de 1789, la vie politique française serait clivée d’une manière particulière, entre la gauche et la droite. L’évolution récente de la vie politique française a pourtant pu donner l’impression à certains commentateurs que le clivage entre la gauche et la droite n’est plus pertinent pour envisager la recomposition en cours. En 2017 notamment, un certain nombre de partis politiques en France, mais pas seulement, ont préféré refuser de se positionner par rapport à ce clivage et affirmer leur attachement au peuple, du moins à un peuple particulier. Est-ce encore le cas aujourd’hui ? Pour le dire autrement : sommes-nous encore dans un « moment populiste » ou bien ce dernier s’est-il refermé au profit d’une autre manière de concevoir le politique ? Telles seront les différentes questions qui animeront notre discussion en compagnie de nos invité.e.s:
Intervenants :
- Janine Mossuz-Lavau, politologue et sociologue, directrice de recherches émérite au CEVIPOF
- Chantal Mouffe, philosophe, professeur à l’université de Westminster en Angleterre et directrice du centre pour l’étude de la démocratie
- Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire
Organisation : Victor Woillet, Mathilde Scotto d'Arduno et Luc Leclere.
SÉANCES PRÉCÉDENTES
7 avril 2022 : « Matérialité du vote et rituel électoral »
Le 10 avril prochain, les Français et les Françaises iront voter pour le premier tour du scrutin majoritaire de l’élection présidentielle. Bulletin papier, enveloppe, isoloirs et urnes seront alors de la partie, théâtralisant un cérémonial renouvelé tous les cinq ans. Cette ritualisation nourrit-elle notre sentiment d’appartenance à la citoyenneté française ? Y a-t-il une utilité politique ? Comment le mode de scrutin exerce-t-il une influence sur les choix et le comportement de l’électeur ?
A l’heure où de nouvelles initiatives comme la Primaire populaire ou la Convention Citoyenne expérimentent des formes originales d’élection et de délibération, nous nous interrogerons sur les atouts et les limites de notre rituel de vote actuel ainsi que sur ses possibles évolutions.
Intervenants :
- Antoinette BAUJARD : Professeure de Sciences Économiques à l’Université Jean Monet de Saint Etienne, coordinatrice de l'opération Voter Autrement, qui expérimente des modes de scrutin alternatifs lors des élections présidentielles françaises de 2007, 2012, 2017 et bientôt de 2022.
- Yves DELOYE : Politologue français et Professeur de sciences politiques à Sciences Po Bordeaux et à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, ancien directeur de Sciences Po Bordeaux.
- Chloé RIDEL : Diplômée de Sciences Po et de l’ENA, haut-fonctionnaire et co- fondatrice de l’association “Mieux voter”, militante associative et directrice adjointe de l’Institut Rousseau
Organisation : Florine Bourit, Nathalie Thomas et Juliette Bernier
31 mars 2022 : « Dé-mobilisation : des mobilisations ? »
Avec un taux de 78,69 %, la participation [au second tour des élections présidentielles de 2017] atteint un niveau important, traduisant une vitalité démocratique qui ne faiblit pas » (Ministère de l'Intérieur). Si la participation électorale est indéniablement perçue comme l’un des signes principaux de la mobilisation politique des citoyens, l’univocité du constat du ministère de l’Intérieur interroge néanmoins à plusieurs titres. D’une part, la progression de l’abstention au cours des dernières décennies a pu être interprétée comme le symptôme d’une crise de la représentation politique. D’autre part, il faut s’interroger sur le crédit à donner à l’abstention comme paramètre ultime pour mesurer la « vitalité démocratique ». L’abstention donne en effet lieu à des interprétations multiples : est-elle symptomatique d’une lassitude ou d’un mécontentement populaire ? Est-elle, au contraire, signe d’une profonde remise en cause du vote comme un mode de désignation légitime et, par extension, d’une reconfiguration des modalités de la participation citoyenne au débat public ? Alors que des nouvelles formes de mobilisation récentes (Nuit Debout, Gilets citoyens, Démocratie Ouverte…) mettent le projecteur sur des formes d’engagement concurrentes au vote, peut-on se risquer à interpréter l’abstention comme une forme de vitalité politique, voire comme un nouveau mode d’expression politique ?
Intervenants :
- Loïc Blondiaux (professeur de science politique à l'Université Paris 1 Panthéon Sorbonne),
- Jean-Yves Dormagen (professeur de science politique à l'Université de Montpellier),
- Matthieu Sanchez (membre de la Convention citoyenne pour le Climat)
Organisation :
Juliette Perrot, Cassandra Windey, Alba Zrihen
17 mars 2022 : Les médias conditionnent-ils notre jugement politique ?
Alors que la campagne présidentielle se poursuit dans un contexte de crise internationale, les médias apparaissent une fois de plus comme une force puissante de filtration. Maîtres du cadrage thématique, et canaux principaux d’information, ils semblent bénéficier d’une place privilégiée pour influencer nos jugements politiques. Censés favoriser la formation d’un jugement politique éclairé par l’information, les médias sont étroitement liés au fonctionnement même de nos démocraties contemporaines. Les médias conditionnent-ils notre jugement politique ?
Néanmoins, au regard de l’émergence du numérique, il nous appartiendra de nous interroger sur les limites de cette influence : les médias ont-ils vraiment le pouvoir qu’on leur prête ? Quid des variables sociales, démographiques, économiques des électeurs ? Enfin, postuler la toute puissance des médias ne reviendrait-il pas à confiner le citoyen dans une dangereuse passivité ? Ce sera l’occasion de dépasser certains modèles figés, pour poser la possibilité d’un engagement citoyen par la reprise en main du processus d’information.
Intervenants :
- Alexandre Dézé, maître de conférences en science politique à l'Université Montpellier 1, et auteur de : "10 leçons sur les sondages" (De Boeck Supérieur, 2022).
- Charles Girard, Maître de conférences à la Faculté de philosophie de l'Université Jean Moulin Lyon 3, membre de l’Institut de Recherches Philosophiques de Lyon, et auteur de "Délibérer entre égaux. Enquête sur l’idéal démocratique" (Vrin, 2019).
À propos d'Actualité critique
L'actualité n’est pas seulement critique en elle-même : qu’il s’agisse d’un événement politique, d’une œuvre d’art ou d’une découverte scientifique, l’actualité exige aussi une critique, qui examine les mots ou les images qui nous la présentent (comme « actuelle »), qui en discute les enjeux, qui mobilise autour d’eux plus d’un savoir ou d’un regard, d’une discipline ou d’un point de vue, et qui se donne le temps, malgré l’urgence, de la penser. Les savoirs, la recherche nous permettent cette mise en perspective.
Tel est le but de ce séminaire : mobiliser les savoirs, s’appuyer sur la recherche, pour nous donner les moyens de penser cette actualité entre urgence et recul.
Les jeudis d’Actualité Critique sont organisés et animés par un groupe d’élèves, chargés de prévoir un programme semestriel de thèmes abordés (bien sûr modifiable, au fil de l’eau, en fonction de l’actualité du moment). Ils alternent des séances « ouvertes », pour lesquelles une ou plusieurs chercheuses et chercheurs sont invité(e)s à intervenir en public sur le thème, et des séances « fermées », où l’équipe organisatrice et les étudiants inscrits travaillent ensemble à préparer, à partir de lectures intensives et d’un débat serré, la séance ouverte.
Mis à jour le 23/2/2023
