Actualité Critique : Surveiller, punir et soigner. Médecine et soin en milieu carcéral

Depuis son invention et sa systématisation à l’époque moderne, la prison est devenue le mode principal d’administration du châtiment dans les pays occidentaux. Peine centrale et archétypale, qui contraint les corps autant qu’elle prétend réformer les âmes, la prison interroge par sa centralité dans nos systèmes punitifs contemporains. En parallèle de ce que le sociologue Didier Fassin a nommé le “tournant punitif” de nos sociétés qui se manifeste principalement par un accroissement soutenu depuis 30 ans du taux d’occupation des prisons françaises, on assiste également à une systématisation plus grande, et qui peut sembler paradoxale, de l’accès aux droits des personnes incarcérées, et en particulier de l’accès aux soins depuis la loi Kouchner (1994).

Et en pleine période pandémique, alors que les personnes libres sont encouragées à s’isoler et à se couper des autres, la question sanitaire en prison est d’autant plus actuelle et préoccupante. Comment l’accès aux soins de santé s’organise-t-il en prison ? Que fait la prison à la santé des personnes incarcérées, et comment ces effets s’inscrivent-ils dans l’économie générale des peines ? La prison est-elle finalement compatible avec le soin

Intervenants :

- Sixtine Leurent est juriste et travaille au point d’accès au droit du Centre Pénitentiaire de Fresnes. Elle est spécialiste des questions d’accès au droit et de santé mentale des incarcéré.e.s.

- Caroline Protais est sociologue spécialisée dans l’étude des relations entre l’univers pénal et la santé mentale. Elle est aujourd’hui chargée d’études à l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies.

- Anne Bambe est praticienne hospitalière en médecine générale et travaille à l’UCSA (Unité de Consultations et de Soins Ambulatoires) du Centre Pénitentiaire de Fresnes.

L'actualité n’est pas seulement critique en elle-même : qu’il s’agisse d’un événement politique, d’une œuvre d’art ou d’une découverte scientifique, l’actualité exige aussi une critique, qui examine les mots ou les images qui nous la présentent (comme « actuelle »), qui en discute les enjeux, qui mobilise autour d’eux plus d’un savoir ou d’un regard, d’une discipline ou d’un point de vue, et qui se donne le temps, malgré l’urgence, de la penser. Les savoirs, la recherche nous permettent cette mise en perspective.

Tel est le but de ce séminaire : mobiliser les savoirs, s’appuyer sur la recherche, pour nous donner les moyens de penser cette actualité entre urgence et recul.

Les jeudis d’Actualité Critique sont organisés et animés par un groupe d’élèves, chargés de prévoir un programme semestriel de thèmes abordés (bien sûr modifiable, au fil de l’eau, en fonction de l’actualité du moment). Ils alternent des séances « ouvertes », pour lesquelles une ou plusieurs chercheuses et chercheurs sont invité(e)s à intervenir en public sur le thème, et des séances « fermées », où l’équipe organisatrice et les étudiants inscrits travaillent ensemble à préparer, à partir de lectures intensives et d’un débat serré, la séance ouverte.