Des scénarios et des livres

Colloque organisé par Mireille Brangé (Université Paris XIII- Pléiade) et Jean-Louis Jeannelle (Université de Rouen – CEREdI, EA 3229)

Au regard du nombre de films produits, et plus encore du nombre de films imaginés mais jamais réalisés, le nombre de scénarios publiés est dérisoire, en France tout particulièrement. Quelques collections existent et les projets avortés des plus grands réalisateurs nous sont, pour certains, accessibles, mais il ne s’agit là, à chaque fois, que d’exceptions à une règle tacite selon laquelle la lecture d’un scénario ne se justifie qu’en référence au film existant ou avorté. Cette situation ne tient pas uniquement à la culture du secret qui entoure les scénarios, protégés pour des raisons juridiques et financières. Elle tient également au fait que ces textes sont jugés difficilement lisibles, réservés aux professionnels capables de les décoder dans la perspective d’une réalisation à venir – autrement dit « avec les yeux du cinéma », de la même manière que Molière, conseillait dans l’adresse au lecteur de L’Amour Médecin la découverte individuelle de sa pièce « aux personnes qui ont des yeux pour découvrir dans la lecture tout le jeu du théâtre ».
Pourtant, le cinéma existe, ou plus précisément co-existe sous une forme écrite, sans que l’on en tienne véritablement compte, en dehors de quelques travaux autour de ce que Lise Gauvin et ses collaborateurs ont nommé les « scénarios fictifs » dans un numéro de Cinémas (vol. IX, n° 2-3, printemps 1999). Et ces scénarios édités n’ont pas pour seule fonction de compléter le plaisir procuré par le spectacle du film ou de compenser son impossibilité. Aussi nous proposons-nous de nous intéresser à cette dimension en grande partie invisible – non parce qu’elle serait cachée, mais simplement parce peu de spécialistes de la littérature ou du cinéma y prêtent attention –, sous ses différents aspects.

Mis à jour le 11/1/2017