La portée de l’identité maya dans la diplomatie guatémaltèque
Séminaire Décoloniser la pensée : Regards autochtones
La colonialité du pouvoir reste active sur le plan mondial, mais comment la démanteler ? Le séminaire “Décoloniser la pensée : regards autochtones” part des théories postcoloniales et décoloniales en vue de constituer un espace de convergence des pensées et luttes avec l’Autre radical contre lequel la Modernité s’est construite : l’ « Amérindien » (Toledo 2021 ; Blanco, Delgado 2021).
Compte-tenu de l’exclusion des peuples autochtones de l’architecture du pouvoir et de la raison moderne, la co-construction d’un monde avec la vision politique des peuples autochtones est susceptible de constituer l’alternative radicale envisagée (Quijano 2020). Le séminaire vise à réfléchir à la construction de sa mise en œuvre, notamment en invitant aux séances du séminaire des répresentantes et des représentants des peuples autochtones de divers continents.
La portée de l’identité maya dans la diplomatie guatémaltèque : Les textiles mayas dans les campagnes touristiques guatémaltèques
18 septembre 2024, 18h à 20h
Salle Cavaillès
Intervenante : Ixchel Alvarado Avila, maya k’iche’ – kaqchikel, internationaliste à l’université Galileo du Guatemala et étudiante en master 2 en Géopolitique de l’art et de la culture à l’université Paris 3.
Biographie : Femme maya K’iche’ et Kaqchikel d’Iximulew (Guatemala). Étudiante en Master 2 en géopolitique de l’art et de la culture à l’Université Sorbonne Nouvelle, boursière du Service de Coopération et d’Action Culturelle (SCAC) de l’ambassade de France au Costa Rica. Elle a obtenu une licence en Relations internationales et diplomatie à l’Université Galileo du Guatemala. Depuis 2023, elle accompagne MAZORCA, un programme de résidences artistiques franco-guatémaltèque, et est référente bénévole du Collectif Guatemala à Paris. Elle s’intéresse à l’étude de l’identité maya comme mouvement de réappropriation culturelle et à étudier comment promouvoir une utilisation plus responsable et consciente des textiles mayas.
Résumé : Cette recherche vise à répondre à la problématique suivante : quelle est la portée de la culture maya dans la diplomatie guatémaltèque ? Depuis les années 80, le peuple maya, souvent via le mouvement mayaniste, mène des initiatives culturelles et politiques pour son intégration structurelle dans l’État guatémaltèque. La culture maya devient un élément du soft power guatémaltèque, notamment dans les campagnes touristiques de l’Instituto National de Tourisme Guatémaltèque (INGUAT), qui mettent en avant les textiles et traditions mayas. Cependant, la culture maya reste un vecteur de pouvoir contesté. Seulement après le conflit armée interne (1960 – 1996) qui a coûté la vie à plus de 200,000 personnes, dont 86,5% d’origine maya ; l’État a reconnu les mayas comme une ethnies qui intégrante de la nation. Étant un élément géopolitique, la culture maya dans les campagnes touristiques soulève un paradoxe. Les femmes mayas sont promues à l’étranger comme une fierté nationale, mais subissent encore discrimination et racisme au Guatemala. De plus, les motifs textiles mayas sont médiatisés comme symboles nationaux, tandis que les acteurs culturels mayas réclament une reconnaissance intellectuelle et économique de ces motifs. L’objectif de cette recherche est de proposer des points de discussion pour comprendre la complexité du sujet et proposer des points de discussion pour concilier ces contradictions. Pour comprendre les tensions autour de l’inclusion des éléments de la culture maya, nous allons d’abord étudier le contexte historique des Mayas au Guatemala. Ensuite, nous analyserons le projet de loi 6136, présenté par l’Association Femenina para el Desarrollo de Sacatepéquez (AFEDES) qui promeut la propriété intellectuelle collective des peuples indigènes sur les textiles mayas. Enfin, nous examinerons comment la portée internationale des acteurs culturels diverge de la politique culturelle étrangère de l’État et propose de nouveaux paradigmes de diplomatie.
Mis à jour le 17/9/2024