Le mythe de la virilité

Conférence organisée par FRAAP, le collectif féministe de l’ENS.

Donnée par Olivia Gazalé, philosophe et auteure de l'ouvrage "Le mythe de la virilité, un piège pour les deux sexes" (Robert Laffont, 2017).

« Sois un homme ». « Arrête de pleurer ». « Ne montre pas tes émotions ». Les injonctions sexistes qui entourent la virilité, montrent que celle-ci n’est pas innée, mais construite. Pas plus qu’on ne « naît femme », on ne « naît homme », on le devient, par une affirmation constante de cette virilité, par des actes souvent violents, physiquement ou psychologiquement.

Ces codes de virilité à respecter pour être « un homme, un vrai » sont l'une des causes des violences sexistes, sexuelles, et des féminicides. Mais ceux-ci tuent également des hommes, qui sont plus nombreux que les femmes à se suicider chaque année.

Il est dans l’air du temps de parler de « crise de la virilité », en positionnant l’émancipation des femmes comme en étant la cause. Et si, au contraire, ce serait la domination masculine, qui en voulant y enfermer les femmes et autres groupes opprimés, se serait retournée contre les hommes ? Même si les hommes sont en position dominante, avec tous les privilèges que cela implique, ils doivent en payer le prix : l’oppression de l’homme par l’homme.

En faisant de la supériorité mâle le fondement de l’ordre social, religieux et sexuel, en valorisant la force, le goût du pouvoir et l’instinct guerrier, l’homme a justifié la domination masculine sur le « sexe faible », mais il s’est aussi condamné à réprimer ses émotions, à redouter l’impuissance et à honnir l’effémination, tout en cultivant le goût de la violence et de la mort héroïque.

Et si les hommes avaient tout intérêt à se libérer de ce modèle normatif pour réinventer de nouvelles masculinités ? Olivia Gazalé, auteure du livre Le mythe de la virilité : un piège pour les deux sexes, nous montrera que si la virilité est aujourd’hui un mythe crépusculaire, qui s’est constitué au fil des époques, il ne faut pas s’en alarmer, mais s’en réjouir. Car la réinvention actuelle des masculinités n’est pas seulement libérateur pour les hommes, elle peut être considérée comme un avenir du féminisme.


Olivia Gazalé a enseigné la philosophie pendant vingt ans, en classes préparatoires, à l'Institut d'études politiques de Paris et aux Mardis de la philo, dont elle est la cofondatrice. Elle est l'auteur de Je t'aime à la philo, Quand les philosophes parlent d'amour et de sexe (Robert Laffon, 2012)".



 

Mis à jour le 5/2/2019