Les sciences sociales face au nucléaire militaire

Journée d’étude des jeunes chercheurs du Centre interdisciplinaire d’étude sur le nucléaire et la stratégie (CIENS)

Organisée par le Centre interdisciplinaire sur le nucléaire et la stratégie (CIENS) de l’ENS à destination principalement des jeunes chercheurs, cette journée d’étude propose ainsi d’utiliser la notion de menace comme point d’entrée d’une réflexion sur les sources, méthodes et théories en sciences sociales face au nucléaire militaire.
 Auf Spitzen (Sur les pointes)  1928 - Vassily Kandinsky -Centre Pompidou
Auf Spitzen (Sur les pointes) 1928 - Vassily Kandinsky -Centre Pompidou

Depuis la chute de l’URSS, l’étude du nucléaire militaire a donné lieu à une série d’ouvrages, issus le plus souvent de cercles d’expertise stratégique, qui soulignent l’actualité de la dissuasion nucléaire et ont contribué au renouveau de son histoire dans un contexte international profondément renouvelé. Dans son dernier livre, La dissuasion nucléaire au XXIè siècle, Thérèse Delpech dressait un bilan des crises nucléaires du XX siècle et soulevait la question d’un risque de prolifération au Moyen-Orient et en Asie qualifié de « piraterie stratégique », tandis que Nicolas Roche, dans son ouvrage Pourquoi la dissuasion ?, montrait et expliquait l’importance de la dissuasion à l’aune des crises syrienne et ukrainiennes, alors peu centrées sur la question du nucléaire militaire. Si, depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, le 24 février 2022, le spectre de la menace d’une utilisation par la Russie d’armes nucléaires sur le sol européen est redevenu un élément central du débat public, le contexte international marqué depuis 30 ans par une multipolarité croissante, le développement de nouvelles conflictualités (cyber, spatiales et énergétiques) et de profonds changements dans l’univers des médias font naître un débat sur la qualification du nouvel environnement stratégique. C’est dans ce contexte, qui replace la question de la dissuasion nucléaire au centre de l’attention médiatique, que cette journée d’étude se propose de conduire une réflexion sur les sciences sociales face au nucléaire militaire ayant pour point d’entrée la notion de menace.

Son ambition est d’aborder la question de la menace d’un point de vue non exclusivement politique, géopolitique ou stratégique en s’interrogeant tout particulièrement sur comment la question du nucléaire militaire a été saisie par les sciences sociales depuis les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki en 1945.

En rassemblant des chercheurs en sciences sociales en droit, en histoire, en science politique, et en sociologie, l’enjeu sera de démontrer la pertinence de l’étude d’un terme et l’évolution de sa définition dans l’appréhension du nucléaire militaire, de soulever la question de sa construction autour d’un récit et des narrations qui l’encadrent.

La journée tâchera d’identifier l’influence que le nucléaire militaire a pu avoir sur les sciences sociales et les transferts de catégories, de modèles et d’analyses de milieux scientifiques vers des acteurs des politiques publiques.

Programme

9h30-10h : Café d’accueil des participants
 
10h-10h15 : Présentation de la démarche scientifique de la journée d’étude par les jeunes chercheurs du CIENS
 
10h15-12h30 : première table ronde
Les régimes de nucléarité
 
Modération : Pierre-Louis Six (CIENS/ENS)
Discutant : Dominique Mongin (CIENS/ENS)
 
Intervenants :

•    Thomas Blaizeau, Université Paris-Saclay
« Reconversion stratégique mais risquée d’une entreprise d’État : la difficile transition du Service des poudres vers l’atome militaire (1945 – 1970) »
 
•    Maïlys Mangin, Université de Lille, Centre d’études et de recherches administratives, politiques et sociales (CERAPS)
« De l’Arms control à la lutte coercitive contre la prolifération : l’institutionnalisation de la non-prolifération nucléaire au prisme des investissements du mandat de l’AIEA »
 
•    Tatiana Kasperski, Université Pompeu Fabra de Barcelone
« The Changing Political and Symbolic Status of Military Nuclear Waste in Russia »
 
12h30-14h00 : déjeuner (buffet)
 
14h-16h15 : deuxième table ronde
L’encadrement normatif du nucléaire
 
Modération : Pierre Ramond et Marie Duclaux de L’Estoille (CIENS/ENS)
Discutantes : Raphaëlle Nollez-Goldbach (DSS/ENS) et Mélanie Rosselet (CIENS/ENS)
 
Intervenants :
 
•    Estelle Beauvillain, Université de Strasbourg
« La dissuasion nucléaire constitue-t-elle une menace de recours à la force prohibée par l’article 2§4 de la Charte des Nations Unies ? »
 
•    Pierre Ramond, École doctorale de l’École Normale Supérieure/CIENS,
« Les négociations sur le nucléaire iranien et l’émergence d’une diplomatie européenne »
 
•    Lise Dubois, Université Jean Moulin-Lyon 3
« Penser le risque nucléaire sans posséder l’arme nucléaire. Le cas de la République fédérale d’Allemagne face à l’Initiative de défense stratégique (1983-1986) »
 
•    Marie Duclaux de L’Estoille, CIENS
« Interpréter la clause de retrait des traités nucléaires »
 
15h30-16h : Discussions avec la salle
 
16h-16h30 : conclusions générales
 
16h30-17h30 : Café de conclusion de la journée
 
18h-20h : Les auditrices et auditeurs de la journée pourront assister à la sixième séance du Séminaire central d’actualité et de recherche sur les questions stratégique, au cours de laquelle Pierre Ramond (CIENS/ ENS) recevra Frédéric Gloriant, MCF Histoire contemporaine de l’Université de Nantes – CRHIA, autour de l’ouvrage issu de sa thèse, « Le schisme franco-britannique. De Suez au veto de 1963 » (2023). Salle : Théodule RIBOT (29 rue Ulm).

 

 

Mis à jour le 14/4/2023