Bravo à Anita van Quynh et Marlène Béghin

Lauréates du Concours "Écrire pour le climat"

Anita van Quynh, normalienne au département de géosciences de l'ENS et Marlène Béghin, doctorante à l'EPHE, sont les heureuses lauréates du concours "Écrire pour le climat", un concours d'écriture littéraire lancé par le département de Géosciences et le département Littératures et langage, pour évoquer le changement climatique, par le recours à la fiction et à l’imaginaire, et envisager et construire l'avenir.
Le prix du jury est décerné au texte "Une journée, un tour de planète" d'Anita van Quynh, normalienne en géosciences.
Le prix de la bibliothèque est attribué au texte "Les criquets" de Marlène Béghin, doctorante à l'EPHE.
Anita Van Quynh
Anita Van Quynh

Le prix du jury est décerné au texte "Une journée, un tour de planète" d'Anita van Quynh, normalienne en géosciences.

"Le choix du jury s'est porté sur ce texte qui est un voyage poétique. Le texte est original dans sa forme, dans son écriture. Il a transporté les membres du jury, avec un retour au réel pour l'épilogue. Le changement climatique y est abordé avec cohérence et le message est puissant. Ce texte s'est donc distingué par cette rencontre réussie entre écriture et science, qui nous emporte dans un tour de Terre à travers des yeux originaux, tout en se situant dans un contexte précis." Nicolas Coltice, professeur au Département de Géosciences ENS-PSL et copilote du concours.

« Écrire pour le climat » : c’est un espace de création rêvé qui m’a été offert à la croisée des lettres et des sciences, une atmosphère propice à la rencontre du verbe et de l’équation. Merci aux organisateurs du concours pour cette invitation à explorer la question du changement climatique via la fiction, tout en prenant appui sur les travaux scientifiques et socio-économiques du GIEC ! D’une certaine façon, participer à ce concours m’a permis de retrouver la terre de l’enfance, car « je suis de mon enfance comme d’un pays », comme l’a exprimé Antoine de Saint-Exupéry. Je suis née d’une mère chinoise et d’un père français, et j’ai grandi dans un petit village des Hautes Alpes. L’odeur des champs de blé après la pluie d’été ; le silence et l’éblouissement de la neige à perte de vue ; la rencontre avec une famille de chevreuils ; la fatigue grisante d’une longue randonnée… Ajouté à ma double culture, ce lien organique avec la Nature a façonné mon attitude envers elle : recevoir, ressentir, respecter. Ce lien agit comme une force de rappel, que ce soit sous la forme d’un désir de montagne, ou à travers la trajectoire de mes études. Après des études secondaires à Lyon et une classe préparatoire PC à Paris, j’ai intégré l’ENS. L’enseignement que je reçois au département de géosciences me permet de mieux comprendre le système Terre et ses rétroactions, biogéochimiques et climatiques notamment. Depuis plus d’un an, la Covid 19 a intensifié l’urgence climatique et la nécessité d’agir. Or, écrire, c’est s’engager. Ainsi, mon texte exprime le souhait que les civilisations humaines se pensent davantage comme une partie intégrante de la Nature.»

Anita van Quynh

 

Marlène Beghin
Marlène Béghin

Le prix de la bibliothèque est attribué au texte "Les criquets" de Marlène Béghin, doctorante à l'EPHE.

"Dès les premières lignes de la nouvelle Les criquets, on est saisi par une atmosphère à la fois grave et saturée, toute en tension. La moindre parcelle de terre est mise sous pression, le moindre mouvement animal est scanné, les espaces non urbains (on n’ose pas dire naturels) sont assignés à la seule fonction qu’ils peuvent assurer dans la survie de l’espèce humaine. En elle-même, cette vision est déjà une dénonciation de l’insuffisance des mesures à l’œuvre, et bien qu’il s’agisse d’un texte d’anticipation, le lecteur se sent directement concerné.
Instrumentalisant et exploitant, les personnages de cette nouvelle, en huis clos, se concentrent sur un seul objectif : garder la maîtrise d’un environnement marqué par les anomalies et les excès. Très fluide dans sa construction narrative, le texte nous emporte dans un véritable cauchemar éveillé, où les louables intentions de préservation de l’environnement viennent fatalement s’imbriquer à des logiques de rentabilité et d’efficacité. Apocalyptique, ce texte l’est sans aucun doute, dans sa dynamique et dans sa chute, avec lucidité.
" Emmanuelle Sordet, directrice de la Bibliothèque Lettres et Sciences Humaines de l'ENS-PSL.

«Je travaille actuellement à l'EPHE en doctorat sur la représentation des rêves au Moyen Age, écris des nouvelles et réalise des bandes dessinées. J'ai beaucoup séjourné au milieu des zones d'agriculture intensive du Loiret, mais ai aussi travaillé dans plusieurs fermes biologiques au Japon et c'est pourquoi le thème de ce concours m'a intéressée. J'ai voulu y explorer une question qui me semble essentielle parmi les problématiques liées au réchauffement climatique et aux possibles interventions humaines: celle de la vraie action, c'est-à-dire celle qui, découlant d'une juste analyse et anticipation, ne concerne pas seulement l'individu, mais des ensembles environnementaux et sociaux, et peut modifier le cours des choses, en s'opposant par exemple à une catastrophe en cours (dans cette nouvelle, l'échec d'une forêt artificielle qui se met à émettre plus de CO2 qu'elle n'en absorbe). Cette action vraie s'oppose aux actions sans effets telles que celles du personnage d'Eloi, ou qui pire encore, aggravent la catastrophe telles que l'intervention finale de Job avec ses pesticides. Dans leur incapacité à atteindre cette vraie action, les individus ou structures sont ainsi interchangeables et l'histoire se répète.»

Marlène Béghin

 

 

Le prix du jury sera récompensé par un bouquet de culture, dont les ouvrages : Un Nouveau Droit pour la Terre - pour en finir avec l'écocide, Valérie Cabanes // Répondre du vivant, Roland Schaer // La horde du contrevent, Alain Damasio // Les ultimes, Xavier Bourgine // L’événement anthropocène, Christophe Bonneuil // La main gauche de la nuit, Ursula Le Guin // L'invention de la nature, les aventures d'Alexander von Humboldt, ainsi que les bandes dessinées  : Un autre regard sur le climat, Emma // Le transperceneige, Lob et Rochette Andrea Wulf // La Montagne, Jules Michelet et Antoine De Baecque, et les DVD : 4h44, Abel Ferrara // Nausicaä de la vallée du Vent, Miyazaki.

Le prix de la bibliothèque sera récompensé par un abonnement à la cinémathèque et deux dessins originaux de l'artiste Simon Jacquin.

Les éditions de la rue d'Ulm offriront un ouvrage à chaque auteur·e et les deux textes primés feront l'objet d’une publication dans la revue l'Archicube de l'ENS.

La cérémonie de remise des prix aura lieu le 7 septembre 2021 à 11h30 dans le jardin du 24 rue Lhomond, 75005 Paris.

 

 

A propos du Concours "Ecrire pour le climat"

Partant du constat que le discours scientifique ne peut être l’unique relais pour évoquer le changement climatique et que la littérature nous offre, par le recours à la fiction et à l’imaginaire, de puissants outils pour envisager et construire l’avenir, le département de Géosciences et le département Littératures et langage se sont associés pour proposer un concours d’écriture littéraire.

Ce concours d’écriture littéraire , imaginé par Nicolas Coltice au département de Géosciences et Pierre Musitelli au département Littératures et langage est un appel à récits de fiction brefs, en vers ou en prose, dialogiques ou narratifs, sans limitation de genre ni de registre, mais fondés sur les projections du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

Cinq scénarios socio-économiques et climatiques ont en effet été élaborés par la communauté scientifique dans le cadre des travaux du GIEC, dont les résumés sont présentés dans ce document "Concours Écrire pour le climat - Les scénarios du GIEC" , comme autant de points de départ de vos futures fictions.

 

Le Jury

Corinne Le Quéré, présidente du Haut Conseil pour le Climat
Sylvestre Huet, journaliste scientifique (son blog au Monde)
Emmanuelle Sordet, directrice de la Bibliothèque Lettres et Sciences Humaines de l'ENS-PSL
Lucie Marignac , directrice des éditions Rue d’Ulm
Gabriel Hes, normalien, membre de l'association Ecocampus
Pierre Musitelli maître de conférences, Département Littératures et Langage, ENS-PSL
Déborah Lévy-Bertherat, maître de conférences, Département Littératures et Langage, ENS-PSL
Aglaé Jézéquel, chargée de recherche au CNRS, Département de Géosciences, ENS-PSL
Nicolas Coltice, professeur au Département de Géosciences ENS-PSL et copilote du concours.