Le Master Humanités ENS-PSL, une collaboration et un dialogue interdisciplinaires

Entretien avec Dominique Combe, directeur du Master Humanités, et Françoise Zamour, directrice du Parcours Arts transdisciplinaire

Créé le
21 mai 2024
DOSSIER - LES HUMANITÉS À L'ENS-PSL
Comment les Humanités sont-elles abordées au sein du Master Humanités ENS-PSL ? Comment les différentes disciplines interagissent ensemble au sein du master ? Dominique Combe, directeur du master, et Françoise Zamour, directrice du Parcours Arts transdisciplinaire au sein de cette même formation, présentent le Master Humanités ENS-PSL.
Master Humanités
Crédits : Pôle communication

Le Master Humanités, issu de la culture pluridisciplinaire

Le master est le fruit d’une collaboration entre plusieurs établissements, l’Université PSL, l’École nationale des chartes et l’École normale supérieure. Fort de cette association d’établissements prestigieux, cette formation aborde les humanités dans un spectre large, et permet une grande mobilité entre les disciplines.
 
Dominique Combe : L’intitulé du Master « Humanités » ENS-PSL doit être compris de manière large et ouverte, et en relation avec les autres mentions du domaine SHS : Philosophie, Sciences sociales. Avec la philosophie, qui a sa propre mention, les langues et les littératures anciennes ou modernes, l’histoire, les arts, la géographie constituent le socle de l’École littéraire élargie aux sciences sociales, à l’économie et au droit. Cet intitulé renvoie d’abord à l’histoire de l’humanisme, c’est-à-dire à une culture pluridisciplinaire qui couvre l’ensemble des domaines qui déterminent et modifient la vie des hommes. En ce sens, les humanités répondent à une acception vivante de la culture et du savoir, en perpétuel mouvement. Il s’agit de s’appuyer sur une compréhension exigeante des œuvres du passé pour envisager l’avenir, comprendre et mesurer les changements qui affectent le monde qui nous entoure, savoir regarder la création.

Le master rassemble six parcours différents : « Arts transdisciplinaire », « Géographie politique/Recherche », « Histoire transnationale »,  « Littératures : théorie, histoire », « Mondes Anciens : archéologie, histoire » et « Mondes Anciens : langues, textes, images ».

D.C : La mention du Master Humanités regroupe des parcours diversifiés qui, de l’archéologie et des textes des mondes anciens jusqu’aux littératures française, étrangères et comparées, aux arts plastiques, à la musique et au cinéma, en passant par l’histoire transnationale et la géographie politique, appellent tout naturellement au croisement des disciplines et des savoirs. Engagés dans un parcours spécifique, les étudiantes et étudiants sont encouragés à suivre des cours et séminaires d’autres parcours au sein de la mention, voire d’autres mentions (Philosophie et Sciences sociales notamment). Ils peuvent préparer des mémoires interdisciplinaires codirigés par des professeurs de spécialités complémentaires, sur une base méthodologique commune. Les séminaires et manifestations organisés par les différents laboratoires et équipes de recherche rattachés à l’ENS et à PSL – IHMC, République des Savoirs, ITEM, THALIM, etc. -  leur sont ouverts, de la même façon, bien entendu, que les bibliothèques du Service commun de documentation, qui fournit le matériau nécessaire au croisement des disciplines.  

Le parcours Arts au sein du Master Humanités

Parmi les six parcours disponibles, un parcours couvre la plupart des disciplines artistiques, à l’image de la réalité qui tend vers une grande interaction entre chaque domaine.

Françoise Zamour : Le parcours ARTS transdisciplinaire est un parcours de recherche inscrit au sein de la mention Humanités. Sa particularité tient à ce qu’il envisage les différentes disciplines artistiques (études cinématographiques, études théâtrales, histoire de l’art, musicologie) dans leur relation entre elles, et avec les autres disciplines des SHS. Autrement dit, les étudiantes et étudiants du parcours Arts transdisciplinaire préparent des mémoires de recherche qui convoquent plusieurs disciplines artistiques. De même, les cours et séminaires qui figurent dans la maquette du master comportent une dimension transdisciplinaire forte, depuis la philosophie de l’art, jusqu’à la recherche-création. Il faut ajouter une dimension pratique importante, en considérant l’expérience comme la meilleure manière d’éprouver la théorie, cette part de pratique donne à ce parcours son caractère particulier dans le paysage des études artistiques.

La taxinomie disciplinaire a des vertus académiques, mais elle ne peut pas rendre compte de la réalité mouvante d’arts toujours vivants. Aujourd’hui le théâtre, la danse, le cinéma, se rencontrent à la fois sur les scènes et sur les écrans. Certains cinéastes comme Steve McQueen, Valérie Mréjen, ou Agnès Varda passent de l’installation ou de la performance ou cinéma, traversent les arts plastiques et parfois la musique. Le parcours Arts transdisciplinaire propose de regarder l’art depuis ces frontières, de prendre en compte l’hybridation, la porosité entre les disciplines artistiques.

Le parcours arts transdisciplinaire comporte obligatoirement, en M1 et en M2 des cours hors disciplines principales, qui peuvent être choisis au sein de l’ensemble de la mention Humanités. Par ailleurs, le principe de codirection des mémoires permet aux enseignants chercheurs du département Arts de faire appel à leurs collègues de THALIM, de SAcre ou de la République des savoirs pour diriger avec eux les travaux de recherche des étudiants.

Quelques conseils de Dominique Combe et Françoise Zamour

La préparation et la rédaction d’un mémoire de recherche repose certes sur les compétences acquises en classes préparatoires et en licence. Mais les enjeux d’un mémoire de recherche sont tout autres que ceux des exercices académiques antérieurs. Le mémoire, en général soutenu au terme de l’année de M2, relève par son objet, sa finalité et ses exigences d’un genre académique complètement différent. Par la préparation et la rédaction de leur mémoire, les étudiantes et les étudiants se forment à la recherche par une fréquentation assidue de sources documentaires diversifiées (outre les bibliothèques, les archives publiques et privées, les fonds patrimoniaux, les manuscrits, etc.) et d’une littérature secondaire très riche. Ils découvrent ainsi non seulement des domaines et des objets nouveaux, mais aussi des approches et des méthodes nouvelles (fouilles archéologiques, archivistique, séjours de « terrain », stylistique et génétique des textes, humanités numériques, etc.).

S’assurer d’une formation solide sur le plan des connaissances et de la méthodologie dans une discipline ou spécialité reste le préalable indispensable à une ouverture interdisciplinaire réussie. Il importe certes de choisir un sujet de recherche en fonction de ses goûts personnels et des connaissances acquises antérieurement, mais ce choix doit toujours être fait en étroite concertation avec le directeur ou la directrice de recherche, qui prend en compte l’état présent de la recherche et les domaines et thématiques encore à explorer.